C’est au mois de mai 2019 que nous, mes élèves et moi étions finalement envolé vers le vieux continent pour un voyage qui allait être épique. Après plusieurs années à talonner la direction de l’école où j’enseigne pour que nous fassions un voyage en groupe, ça finalement été accepté.
On nous avait toujours dit « Non tchagg, il n’y a aucun lien pédagogique à faire avec le programme d’études. » Me répondait-on sèchement à chaque fois que nous voulions organiser un voyage.
Mais cette fois-ci c’était vrai.
Vous savez, j’enseigne le programme de conseil de vente de voyages à l’école des métiers de la restauration et du tourisme de Montréal depuis 10 ans. Donc OUI, faire un voyage de groupe avec les élèves c’est crissement en lien avec le tourisme.
Bref.
Je regardais ma distinguée collègue enseignante dormir dans l’avion à des kilomètres au-dessus de l’Atlantique. Je la regardais parce qu’elle dormait d’une drôle de manière. Lunettes sombres au visage, un oreiller de voyage en ‘u’ à l’envers dans son cou et de gros bouchons orange dans les oreilles. Elle était recroquevillée par en avant la « tête-oreiller » couchée sur la tablette d’en avant. Le pire n’était pas d’essayer de ne pas trop rire en voyant ça, mais c’est que ça marchait!
Bref, on arrive à Amsterdam, que vous aurez la chance de lire bientôt dans ce blogue. On visite même la Belgique et Paris, où arriva enfin cette histoire d’homme fort.
À Paris, où dirais-je plutôt St-Quentin-en-Yvellines en banlieue de la Ville Lumière, nous sommes accueillis comme les Français savent le faire.
Le lundi matin, un accueil au tapis rouge au Lycée des métiers de l’hôtellerie et du tourisme de Saint-Quentin-En-Yvelines à Guyancourt. Dès notre entrée nous sommes applaudis par tous les élèves de l’école et des poignées de mains et des bisous se sont donnés par dizaines. Une délégation officielle.
Dans la grande salle de réception où les élèves en pâtisserie et en boulangerie nous ont servi ce qu’ils avaient fraîchement préparé et les sommeliers s’en donnaient à cœur joie à nous offrir tous ces délicieux mimosas.
C’est à ce moment que j’ai donné cette entrevue à la télé locale.
Après cette cérémonie d’accueil et d’échanges, nous sommes invités à dîner avec le maire!
En tout cas ce fut une journée mémorable.
Revenons à mes moutons.
Cette journée-là, le lundi matin, je rencontrai non seulement les enseignantes, les directions de lycée, le maire, etc. Mais également les élèves en tourisme, parce que, rappelez-vous, je suis là-bas pour un voyage avec mes étudiants. Dix-huit au total!
Un de ces élèves m’a particulièrement marqué cette journée-là. Edwin.
Il m’avait marqué parce qu’il s’était présenté à moi et était vraiment fier et honoré de rencontrer un Canadien.
Bon j’avais beau expliquer à tout le monde qu’au Québec, on était une société distincte et que c’était important pour plusieurs Québécois de souche, like-me, et que le terme « canadien » stridait dans nos oreilles. Mais pour eux on était avant tout, des Canadiens. Soit!
Donc après avoir tout expliqué ça à Edwin, il me serra encore une fois la main. Je voyais sa fierté dans ses yeux. Ah oui, l’autre chose qui m’éblouissait de ce jeune homme est sa beauté. J’pas gai, mais je sais reconnaitre un beau mec.
Mais ce mec venait de la province, comme disent les Parisiens. C’est-à-dire qu’il vient loin de la ville. Genre de village où la vie et le monde sont la petite communauté autour.
Et c’est à 17 ans que le jeune homme quitte la campagne pour la grande ville où il s’émerveille à un rien. « Wow, des boutiques! C’est magnifique! Comme dans les films! Je veux explorer le Monde. Je veux tout voir, tout savoir, j’ai soif d’aventure. Pourquoi pas une formation en tourisme? » Bingo! C’est exactement pour ça que ce jeune homme est devant moi et qu’il a une étincelle dans les yeux.
L’entente que nous avions avec le Lycée était que c’était un programme d’échange. Ils étaient les hôtes cette année pour la durée d’une semaine, et l’année suivante ce serait l’inverse.
La journée suivante, l’équipe enseignante de l’école avec l’aide de leurs élèves nous a concocté une visite du Paris, ville de la mode. Un rallye en équipe à pied dans les rues de Paris à la recherche de réponses aux énigmes aux thèmes des grands couturiers.
Les enseignants canadiens, donc moi et ma collègue avons pris part à l’activité, mais pas dans la même équipe
Devinez avec qui j’ai fait équipe?
Edwin le campagnard rêveur.
C’est justement lors de notre besogne qu’on a pu faire plus ample connaissance. Sans l’ombre de méchanceté, j’aurais pu deviner qu’il en était à ses premiers pas dans la société moderne. Je le voyais avec ses notions culturelles que ça datait.
Inutile de vous dire que la mode, je ne m’y connais zéro (à part Vuarnet®) et lui, il m’obstinait que Coco Chanel était un gars. Donc on a eu zéro bonne réponse au rallye, que du plaisir à fraterniser avec le jeune.
C’est en revenant le soir à l’auberge de jeunesse qu’une de mes étudiantes me fit le commentaire: « Ouain, t’es pas mal chanceux d’avoir été en équipe avec Edwin, j’aurais donné n’importe quoi pour être avec lui ». Je lui souris en lui dit en taquinant mon étudiante: « En plus d’être beau, il est vraiment fin et attentionné. Tu as manqué ta chance! Mais demain on visite le château de Versailles. Reprends-toi. J’en profiterai pour te le présenter! ».
Le lendemain tôt, le mardi, nous nous rendîmes au célèbre château qui était fermé cette journée-là, mais pour nous, ils ont fait exception. Nous avons été même reçus par le directeur du développement culturel. Mais pas d’Edwin.
On demande de ses nouvelles aux enseignantes, mais silence radio. Nous ne sommes pas inquiets, mais je trouve bizarre de ne pas voir mon ami de la veille.
Mercredi passe, sans nouvelles.
Une belle journée nous attend jeudi. Une visite guidée dans Paris 9e arrondissement, fait par les élèves du Lycée. Je suis émerveillé. Surtout que l’an prochain, ce sont ces mêmes étudiants, et peut-être même Edwin s’il revient un jour, qui l’an prochain seront chez nous, à Montréal. Et ce sont mes étudiants qui feront ces visites. Je l’ai-tu la job de rêve?
Vers la fin de l’après-midi, après une visite au mur des « Je t’aime » qu’Edwin fit irruption dans le groupe. Il avait texté un collègue de classe.
« Mais qu’est-ce qui se passe? » – l’interrogeons tous.
Figurez-vous donc que le garçon, en revenant du rallye parisien, a eu un accident de moto. Imaginez. Il avait l’air pas si mal dans les circonstances, mais il avait quelques égratignures au visage, des ecchymoses au cou et un bras peu mobile.
Je lui fis un petit sermon sur la prudence à moto, un peu comme un père le ferait. Je me suis quand même un peu attaché à ce garçon.
Je demandais à mon étudiante si elle le trouvait encore beau, et elle me répondit que oui, plus que jamais. Ça lui donnait même un air de bum.
tchagg tchaggensen l’entremetteur. Je suis allé voir ce cher Edwin pour savoir ce qu’il pensait de mon étudiante et si oui, lui demander ses coordonnées. Chose qu’il accepta volontiers.
Le vendredi, la dernière journée, c’était la soirée d’adieu. Nous avons été invités à boire un verre à l’un des clubs les plus branchés de Paris, le bar de la tour Montparnasse. Le plus haut gratte-ciel de Paris! On est jet-set! On s’y rend même en Uber! Mon étudiante est avec les autres, mais on attend encore Edwin qui tarde à arriver. On le texte et il dit qu’il est en route.
C’était notre dernière nuit dans la grande ville avant de dormir une dernière nuitée, près de l’aéroport Charles-de-Gaulle, donc la soirée ne fut pas très longue. 21 heures nous étions partis, sans avoir vu vous savez qui.
Dès mon arrivée à l’auberge, qui d’ailleurs avait un lobby très accueillant où le soir j’aimais prendre une bière ou deux, je montai à ma chambre, où je me suis empressé de faire mes bagages. Le lendemain très tôt nous partons quand même tôt, et je dois montrer l’exemple.
Bagages all set up! J’ai décidé d’aller prendre quelques bières dans le hall. 2 euros la Heineken, je suis aux anges. Tables rondes, une demie VW Beetles, des décorations des années ’60, une gérante néerlandaise un peu trop directe et sans filtre, un chat qui est le roi de la place et une guitare classique pour ceux que ça y tente de la gratter.
Quelques bières dans l’corps, à jouer de la guitare et à chanter avec quelques étudiantes, cette dernière soirée allait être mémorable.
Ding! Le cellulaire de mon étudiante sonne, et c’est Edwin!
« Vous êtes où? Je viens d’arriver au club Montparnasse et vous n’y êtes pas! » Dit-il.
Oups, on l’a oublié, lui.
« Viens nous rejoindre à l’auberge de jeunesse Woodstock ». Lui écrit mon étudiante.
J’étais vraiment content de pouvoir le revoir une dernière fois jusqu’à l’an prochain, où à son tour il allait nous rendre visite au Canada.
Presque minuit, trop de bière, en train de chanter Let it be des Beatles, le jeune homme arrive, enfin.
En plus de mon accent québécois, je déparlais à l’occasion, ce qui causa beaucoup de rires de la part d’Edwin. Je suis bon jeu et j’en fais de même. Même si ça l’air de cliquer entre les deux étudiants, on ne comprend pas toujours ce que l’autre veut dire. Et on trouve ça drôle.
Mon étudiante est très jolie, mais elle a un visage, comment dire… masculin. En plus elle est bronzée aux couleurs Maories. C’est alors que ma vision se pose sur elle et j’éclate de rire.
« Edwin, trouves-tu que… enlèves-y les ch’feux là.. à ressemble à Dwayne Johnson? » – lui marmonnais-je. Ben oui, c’était notre dernière soirée, et on s’agaçait. J’suis de même, mon cœur d’enfant I guess!
Edwin me regardait de ses grands yeux incrédules, et n’avait rien compris de ce que j’avais dit. Alors je répète tranquillement en arborant l’accent cheap Français.
« Du coup, euh, avez-vous remarqué, euh, que le visage de cette charmante demoiselle issu du 20ème siècle a un visage qui ressemble, étrangement, du coup, à Dwayne Johnson? »
« Qui? » Me cria Edwin.
« Ben là, viens pas m’dire que Dwayne Johnson n’est pas encore connu en France. Ben voyons, tout le monde le connait. Il a joué dans Fast and Furious 5 et 7 pis le nouveau Jumanji… » Je lui disais quand il m’a interrompu et criant:
« Ahhhhhhhhhhhhh » Ze Rock! »
Eh boboy, ils sont fous ces Français!
On a ri comme des fous, j’ai joué de la musique jusqu’à tard et encore une fois, j’étais très heureux d’avoir fait ce voyage et avoir rencontré ce jeune homme. Je le saluai chaudement et j’allai me coucher.
Lui et mon étudiante ont fait la même chose, dans le même lit! Si vous voyez ce que je veux dire.
Le lendemain, c’était une journée de préparatif, et j’avais 18 autres têtes à m’assurer que tout se déroule rondement. On changeait d’hôtel. Comme ça, on ne manquerait pas notre vol en revenant dimanche au Québec.
Tout s’est passé sans grand rien d’important, sauf que j’ai perdu une moitié de dents et ça faisait très mal.
Dans le vol, j’ai reçu un message texte d’une enseignante du Lycée pour nous avisé qu’Edwin avait perdu la vie à moto samedi soir en retournant chez lui, le lendemain où nous l’avions vu.
R.I.P. Edwin 2000-2017
tchagg tchaggensen
Mise-à-jour 17 novembre 2022
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Beaucoup d’entre vous qui me connaissez, très peu, connaissent ma petite incursion dans le domaine scientifique. Eh oui, j’ai bien dit scientifique.
La base de toutes mes connaissances scientifiques fut acquise dès mon jeune âge, ce qui en fut ma base. Mon père avait une encyclopédie complète composée d’une vingtaine de livres, vous savez, celle qu’on achète de vendeurs itinérants qui va de ville en ville présenter ces collections traitant de différents sujets. Dans les années ’80 c’était courant dans les familles aisées et celles de classe moyenne, d’avoir une bibliothèque ornée d’une encyclopédie comme celle-ci. Pour moi, c’eut été, mis à part la série de bédé « Les aventures de Tintin », mes premières lectures.
Tout ce dont on me parlait, j’allais vérifier et lire l’article complet. Je fais encore ça aujourd’hui, mais avec Wikipédia ainsi que la validation des sources.
Quelques exemples de lectures intéressantes que je lisais à l’âge de 7-8 ans, et qui m’ont particulièrement marquée:
Hitler et la Deuxième Guerre mondiale
Mikhaël Gorbatchev et l’URSS
La chute et l’histoire derrière le mur de Berlin
La cryptologie et les types de communications secrètes utilisées pendant la guerre
La biologie humaine (pas juste pour les parties génitales) comme l’embryologie, la génétique végétale et la reproduction des cellules eucaryotes et procaryotes. Ah oui, je commençai à m’intéresser aussi à la zoologie.
Mon encyclopédie
À partir des années ’90, à l’âge de 10 ans, pour Noël je demandais et recevais souvent des livres, soit d’animaux, soit un livre de records Guinness, sinon à chaque fois, un almanach du peuple. J’aime lire, j’suis curieux, mais faut je vous raconte comment s’est déroulé mon passage dans le monde scientifique.
À l’âge de 19 ans, ayant toujours le fervent désir et une soif d’apprendre, ayant quitté le CÉGEP parce que je fumais trop de cannabis et j’étais trop vedge pour aller aux cours et faire les travaux, j’ai décidé de m’inscrire à une formation.
Cette formation était offerte de façon bimodale. C’est-à-dire que l’école qui était située à Toronto m’envoyait des livres et des livres dont je devais étudier. Des travaux manuels que je devais effectuer de la maison. Aussi des vidéos et des pellicules diapositives à analyser. Tout ça pour aller faire mes examens planifiés aux trois mois à l’Université de Toronto.
L’école dont j’étais inscrit est le Granton Institute of Technologie (GIT), un centre de formation affilié à l’UToronto, un peu l’équivalent de l’école Polytechnique de Montréal. Maintenant cette école est fermée ou fusionnée avec une autre école.
Bref j’ai fait deux cours là-bas. Le premier fut en biologie générale (1 an) et le deuxième spécialisation en biologie animale (zoologie). J’adorais mes cours et rarement dans ma vie, je fus autant assidu dans une formation. Le sujet me touchait particulièrement, et après avoir fait un an de CÉGEP en sciences humaines profil individu, je trouvais que ça faisait une belle continuité allant de la psychologie à la zoologie. LOL
Après avoir gradué du GIT, je devais acquérir de l’expérience. J’avais envoyé des CV à quelques endroits intéressants (Biodôme de Montréal, Zoo de Granby et quelques cliniques vétérinaires), mais aucun retour.
Je m’inscrivis à la certification la plus prestigieuse en Amérique du Nord, l’AZA (l’Association of Zoos & Aquariums) en tant qu’individuel, et j’appliquai à un poste de stagiaire, le temps d’un été, au magnifique Busch Gardens à Tampa en Floride. Je fus accepté à ce stage et on m’envoya tout plein de documents par la poste, pour que je puisse commencer à rêver.
Nous sommes rendus au mois de mai 2002, et je quitte la ville de Saint-Jérôme, pour mon périple de plusieurs mois en Floride. Le stage commençait vers la mi-juin, et je m’étais réservé trois semaines de camping dans les Keys, juste avant. Ça m’était pris trois jours pour descendre en effectuant des arrêts pour dormir dans les états de la Virginie, la Géorgie et finalement la Floride.
Si vous avez suivi mes histoires, vous savez que j’en étais à plus d’une dizaine de fois à faire ce trajet (QC-FL), en tant que passager. Donc aucune péripétie à raconter, j’connais ma géo. Sauf en arrivant là-bas.
Dès mon arrivée au camping qui allait m’accueillir pour les prochains jours, je tombai en amour avec la place. Le Big Pine Key est situé quelques minutes avant d’arriver à Key West, et je montai ma tente avec soin. Le décor était magnifique, les palmiers sur la plage, les températures de l’eau et qui ont tendance à tendre aux alentours de 26°C.
Au fur et à mesure que le soleil commença à disparaitre dans le golfe du Mexique, un serrement à poitrine m’accabla de plus en plus. Donc je décidai d’appeler mon père pour m’enquérir de ses précieux conseils.
« Allo, P’pa! Je m’excuse de te déranger, mais. Euh. J’pas bien. » Lui dis-je en haletant. Et il me répondit: « Qu’est-ce qui a mon bébé? » « Ma poitrine va exploser, j’ai mal au cœur, j’veux m’en aller. J’viens d’arriver, osti j’suis lâche! » Répliquais je en pleurant. Et avec sa voix rassurante, il me dit: « Ben, r’viens-t-en!
À 10 heures le soir, après avoir tout remballé le stock de camping que je venais tout juste de monter, je quittais les Keys. Aucun remboursement, aucun stage à Busch Gardens. Tout ça parce que j’ai eu des flashs de mes agressions, et qu’être loin de chez nous, ça ne me fait pas. Merci mononc’!
Zut!
À peine de retour au Québec j’applique sur un poste d’éleveur de poulets à Sainte-Sophie dans les Laurentides. La semaine suivante je passe une entrevue, et je suis assez convaincant pour leur signifier que je suis fait pour le poste, ils m’engagent!
Pok Pok Here I come!
Nous sommes en tout, 4 éleveurs de poulets et un agronome. Chacun des éleveurs a leurs bâtiments à gérer sur une base quotidienne, et ce deux fois par jours, matin et soir. Donc si vous êtes perspicaces « je travaillais sur un split-shift sept jours sur sept ».
Ce dont j’aimais le plus dans ce travail était évidemment de prendre soin de petits poussins et sauver le plus de poulets possibles. Je m’occupais de trois fermes à trois étages et une autre à deux, avec au grand total environ 100,000 têtes de volaille.
Lorsque le poulailler est nettoyé, je reçois la ripe. Ces petits copeaux de bois servent de litière aux bêtes et à la fin de la soixantaine de jours d’existence, un fermier vient tout récupérer et réutiliser comme engrais dans les champs. Mais quand cette ripe arrive, c’est la pire affaire. Un énorme tuyau d’environ 36 pouces de circonférence d’où sort, SOUFFLÉE, les copeaux. La puissante force du moteur fait
C’est quand tout est chaud et douillet que nous recevons les poussins qui arrivent dans des bacs et nous remplissons le poulailler en paquets de centaine. C’est vraiment mignon de les entendre piailler à l’unisson. Dans une section il y a environ 5,000 poussins et le travail de l’éleveur est important, il ne s’agit pas juste de les checker grandir.
Premièrement il y a la température du poulailler. Chacun des éleveurs a leur pagette, et quand il y a une alarme, on doit se rendre rapidement sur les lieux. On est de garde, 24h sur 24h. Ça m’est déjà arrivé en plein été, un dimanche, nous fêtions l’anniversaire de ma sœur à Lachute et je reçus une de ces alarmes. Il faisait très chaud et il a fallu que j’aille aérer davantage.
Ensuite vient la lumière, que nous créons artificiellement avec des spotlights. À leur arrivé et afin d’améliorer leur condition physique et de gagner de la masse musculaire, les poussins sont constamment dans la clarté et ils sécrètent, entre autres, de la sérotonine. Au fur et à mesure qu’ils grandissent et qu’ils perdent leur duvet jaune pour faire place à des plumes blanches, nous intégrons des périodes de noirceurs. On comment par deux heures de noirceur par jour et on augment. De tel qu’à la fin de la soixantaine de jours qu’auront passé les poulets, la dernière semaine il la passeront dans l’obscurité totale. Ça les rend plus sédentaires, créant dans les muscles, du gras.
Il y a aussi la nourriture et l’eau. Commençons par l’eau. De longs tuyaux d’une quarantaine de mètres avec des petits becs qu’on appelle l’abreuvoir. Ce tuyau est monté de quelques millimètres presque tous les jours. Pourquoi? L’abreuvoir doit être placé à ce que l’oiseau s’étire légèrement pour boire. Ça favorise les exercices lorsqu’il y a de la lumière. S’il est trop bas, il devient paresseux, trop haut, il boit peu ou pas. Ah oui, pour les faire grossir davantage, on additionne du chlore à leur eau.
La diète (les types et les quantités de nourriture) était déjà déterminée par l’agronome, qui passait une fois de temps en temps pour s’assurer que tout fonctionne rondement. Une fois, je reçus une alarme sur ma pagette, et rendue sur place il y avait un tuyau de nourriture qui s’était rupturé. Une montagne d’au moins 10 pieds de bouffe d’oiseau, et en dessous se trouvais plusieurs poussins morts. Je le sais parce que c’est moi qui s’est tout tappé le boulot et il y en avait une centaine. Sniff.
Parlant de poussins morts. Un jour je reçois un camion complet de poussins, trente mille au total. Je fais ma routine quotidienne depuis plusieurs jours, et je remarque que les petits ne criaient pas, et ne réagissaient pas lorsque j’entrai dans le poulailler. L’agronome vient et les examines, le bilan, ils sont malades. Il n’est pas content, rappelle le couvoir d’où venaient les poussins. Après l’appel il se revire vers moi et me dit: « Va falloir s’en débarrasser, il y a 30 autres milles qui arrivent demain ». J’sais pas si vous savez, mais j’pas fier de moi. Sept bacs de recyclage rempli jusqu’au bord de poussins. RIP
C’est à ce moment que je me suis dit: « OK, t’as étudié en zoologie pour… ça? ».
J’ai quand même continué mon travail, pour quelques semaines, où il arriva un incident. Le même poulailler où il a eu le génocide, je remarque que la toiture coule lorsqu’il pleut. Je n’en fais pas trop de cas, mais j’avise quand même la compagnie. Il fait beau, une semaine passe.
Lors d’une tempête plus féroce, le trou s’agrandit et je reçois même une alarme. Je rappelle la compagnie et l’agronome parce que je le sais que les oiseaux doivent rester au sec. On me dit d’être patient et qu’ils m’enverraient quelqu’un. Une semaine passe et un matin en arrivant, je remarque qu’il a une partie du toit qui est partie et il y a une marre d’eau sur la ripe.
L’agronome, qui faisait le tour des bâtiments ce jour-là, est venu me voir et a commencé à sacrer après moi, à cause de l’état des lieux. Je lui ai mentionné que j’avais avisé il y a deux semaines, mais que personne ne s’en préoccupait. Et il m’a répondu: « T’aurais dû le dire que c’était urgent! ». J’ai remis ma pagette, viré les talons et j’ai crissé mon camp et jamais plus je ne remettais les pieds là-bas.
Que fais-je maintenant?
Pourquoi pas retourner aux études en tourisme?
Ben kin!
À suivre
tchagg tchaggensen
PS: J’aurais voulu mettre une photo de mon diplôme, dès que je le trouve, je le mettrai ici!
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En 2005, le très distingué animateur de radio, Paul Arcand sortait son docufilm – Les voleurs d’enfance, qui dévoilait au grand jour les ratées de la DPJ (Direction de la Protection de la Jeunesse) dans sa pratique. L’animateur questionne leurs responsabilités citoyennes et institutionnelles face aux enfants, en allant de la lourdeur de la bureaucratie de l’organisme, en passant par les abus sexuels que certains d’entre eux ont été victimes. Bref, je vous recommande le visionnement de ce film.
Monsieur Arcand et son équipe de recherchistes ont pu faire la lumière sur quelques manquements de la DPJ, qu’ont eue des conséquences sur plusieurs enfants en famille ou centre d’accueil. Vraiment une triste réalité qui malheureusement fut vraie.
« Les voleurs d’enfance, ce sont les pédophiles, les agresseurs. »
« Le vrai voleur d’enfance, c’est le silence des adultes. »
Quel est le lien avec mon histoire?
Avant de débuter, j’aimerais vous dire que moi et ma petite sœur, Jaime, n’avons jamais été placés dans une famille d’accueil. Toutefois, notre famille a été l’hôte d’environ 25 jeunes délinquants sur une période d’un peu moins de 5 ans. Je mentionne « jeunes délinquants », car nous étions une ressource d’accueil en milieu familial pour jeunes ayant des problèmes de comportements. Ces adolescents et adolescentes âgés entre 12 et 17 ans, la plupart d’entre eux sortaient tout juste de prison pour jeunes (Huberdeau), de centres d’accueil ou de familles dysfonctionnelles. De 1987 à 1991, de Pine Hill à Lachute dans les Laurentides, nous, moi et ma sœur, avions des frères et des sœurs d’accueil.
Moi et Jaime, prononcé Djay-mi, ma sœurette, aujourd’hui âgés dans le début de quarantaine, nous sommes des personnes spécialement spéciales (dans notre cas, ça se dit)! Tous les deux avons reçu les diagnostiques d’un trouble de personnalité limite (TPL) dite « Borderline », de dépressions majeures et d’un trouble d’anxiété généralisé (TAG). De son côté, ma petite sœur a aussi en plus un trouble de déficit de l’attention (TDA), ainsi qu’un trouble de la personnalité dépendante (TPD). L’une des causes communes à tous ces troubles psychologiques c’est que c’est un stress post-traumatique pendant l’enfance. Cliquez ici pour lire l’article concernant TPL – Bordeline.
Nous deux, enfants de famille d’accueil, depuis d’état de panique assez fréquente sommes confrontés quotidiennement. En consultant chacun de notre côté, on apprend qu’on souffre d’un stress post-traumatique. Ayant une enfance peu stable à l’adolescence, les traits psychologiques se développent en troubles. Et, depuis notre passage chacun à l’âge adulte, vivre devient de plus en plus difficile. On appelle ça survivre. Maintenant, on voit chacun de nos enfants grandir, et de plus en plus à chaque, jour nous avons une boule en permanence à l’estomac. Cette boule, j’ai su avec ma thérapie au CETAS, que c’était un mélange de honte et de dégoût.
Dessin à tchagg
En janvier 2022, j’ai appris également au CETAS qu’en plus de la dizaine d’agressions sexuelles incluant de l’inceste, ce que j’avais subi allait plus loin, que c’était un mode de vie qu’on appelle incestuel. Pour en savoir plus cliquer ici.
Quel est le lien avec l’incestuel?
Peut-être aucun! Mais je vous relate notre enfance à moi et ma tite sœur que j’adore, avec sa permission, évidemment!
tchagg tchaggensen vu par Emilie
C’est en 1987, lorsque j’avais 7 ou huit ans que mes parents ont eu l’idée de devenir famille d’accueil. Ils étaient propriétaire de l’hôtel/bar le Pine Hill Lodge qui roulait bien les fins de semaine, mais la clientèle quotidienne de jour de semaine ne suffisait pas à faire vivre toute la famille. Donc ça a débuté par un seul garçon qu’on a gardé plusieurs mois, il s’appelait Stéphane et il avait environ 16 ou 17 ans. Je n’ai jamais demandé combien ça payait de garder ces jeunes, car même si je l’avais demandé, on m’aurait répondu comme d’habitude, « c’est pas de tes câlisse d’affaires ».
Des réponses telles que celle-ci furent omniprésentes de la part des parents;
« Qu’est-ce qu’on mange? « D’la marde pis des patates » « Où on va? « Suis et ferme ta gueule » « Braille, chie, pète, rote, vomit, j’men câlisse » « Veux-tu ben me câlisser patience » « Va dont jouer dans l’traffic » « Bite my shorts » Et ça, c’est seulement une courte énumération des phrases méchantes toutes faites d’avance. Vous en avez probablement plein, vous aussi, des insultes que vos parents vous disaient?
Stéphane est demeuré plusieurs mois avec nous, et mon petit doigt me dit que nous avons eu un impact positif dans la vie de ce garçon. Il trippait sur les outils Snap-On. Un grand frère qui fut important dans ma vie, car vous savez, lorsqu’on accueille un enfant étranger dans NOTRE famille, ça peut être déstabilisant. Mais avec lui la transition fut douce et agréable.
Rappelez-vous maintenant qu’un climat où règne l’incestuel, l’enfant légitime n’est pas considéré comme une personne à part entière. Où l’enfant demeure dans un flou, avec absence de limite, servant à projeter une image positive d’une famille parfaite et parfois même servir d’alibis.
Le deuxième garçon à intégrer la famille d’accueil fût Alain « Doigt Dans Le Nez ». Surnom que lui avait donné mon père, demandez-moi pas la raison, aucune espèce d’idée. Haha! Une fois nous sommes allés en voyage au Lake George (NY), la vraie famille, et ce garçon. Bizarre, mais nous avons logé au même endroit que j’étais allé avec cHOSE deux ans plus tard. Aujourd’hui, monsieur aux « DDLN » est malheureusement décédé.
Pour moi à l’époque, être une famille d’accueil signifiait « garder des jeunes en difficulté ». Datsit! J’ai su beaucoup plus tard qu’il existait aussi des milieux sains. Pour ma part, mon enfance s’est arrêtée là. On a subi, moi et ma sœur, des agressions physiques, verbales et sexuelles, et on en a bavé. Aujourd’hui, j’ai compris qu’ils (frères et sœurs d’accueil) avaient besoin d’aide à l’époque. Mais à l’époque on s’en foutait.
RC, âgé de quinze ou seize ans et sympathique jeune homme, fut le troisième garçon à intégrer la famille dans la maison familiale de Pine Hill. Ce jeune homme aimait beaucoup raconter des histoires macabrement abracadabrantes avant de dormir à moi et ma petite sœur. Par exemple, il mentionnait que Napoléon Bonaparte était l’antéchrist, et un peu comme les intentions de Hitler, le puissant français voulait dominer le Monde en massacrant des opposants, patati et patata, voyez l’genre! Ça m’a marqué, mais avec les nombreux livres d’encyclopédie que j’avais reçu en cadeau de Première Communion de la part de mon parrain, j’ai vite été en mesure de me renseigner sur Napoléon, v’oyez!
Un événement chamboulant a mit fin au séjour de RC, et ce, de façon abrupte. Si ce garçon n’est demeuré que quelques mois, c’est qu’il faisait avec nous, des jeux sexuels. J’avais environ 7 ans, et ma petite sœur Jaime, 5 ans. Depuis la chambre côté nord de la maison, à plusieurs reprises il m’agressa. Une fois, il enferma ma sœur Jaime dans la garde-robe en bloquant la vitre-miroir coulissant pour pouvoir m’agresser une coche au-dessus.
Comme nous avions l’habitude de faire en vraie famille « nous quatre » plusieurs fois par année, nous séjournions de temps en temps, le temps d’un week-end, à Montréal. À la piscine de l’hôtel, nous en profitions pour nous baigner (Holiday Inn – Crowne Plaza, sur Sherbrooke), pour magasiner à la place Desjardins, pour manger quelques roteux sur la rue St-Laurent, et bien sûr en soirée, se faire garder par Annette Bourbonnais, notre gardienne favorite du complexe hôtelier. Mes parents en profitaient pour sortir dans des bars gais ou des saunas « pour homme seulement ». Je me rappelle en plus du 281, il y avait le Club David, et un l’Entre-Peau, et d’autres que j’oublie.
Un soir, après une bonne baignade, où j’étais seul avec ma mère et ma sœur dans notre chambre d’hôtel, je suis allé à la salle de bains où je me suis mis à pleurer. Ma mère, tout de suite alertée par le bruit étouffé des sanglots, entra dans la pièce, et me demanda ce qu’il n’allait pas. – « Maman, j’pense j’ai le SIDA! », lui chuchotais-je. Ma mère, surprise de ce que je venais de dire, me demande avec empressement: « Comment ça le Sida? Osti, t’as juste 7 ans! ». Je lui montrai mon pénis qui était effectivement de couleur rouge foncé, mais qui s’avérait être une infection urinaire ou de quoi du genre, mais pas de Sida!
Je lui ai tout raconté ce qui se passait avec mon « frère d’accueil » et AW, le travailleur social attitré à notre famille d’accueil fut mis au courant des attouchements, et le lendemain, le dimanche, la police venait récupérer RC au domicile de Pine Hill.
Pour terminer l’histoire avec RC, que je n’ai jamais revu d’ailleurs, quelques semaines plus tard, je rencontrais avec mes parents une travailleuse sociale qui nous expliqua que RC avait avoué ce qu’il m’avait fait, et qu’il n’aurait pas de plaintes ou de procès. Elle termina l’entretien et demanda à mes parents s’ils aimeraient que Shannon consulte un psychologue, et ont répondus dans la négative. Dossier clos.
Ensuite vint le garçon étant resté avec nous le plus longtemps, presque 5 ans. JP. Cet ado arriva au sein de la famille à l’âge de 14 ans, de mon côté j’étais âgé de 8 ans. Un grand frère d’accueil que j’ai quand même beaucoup apprécié, même s’il arriva quelques incidents tragiques, le concernant. Il était de toute évidence le préféré de mon père. Il dormait avec lui, le traita souvent avec privilèges et lui massa même le visage de Noxzema. Son statut d’ancien et de régulier lui donnait souvent le rôle de boss des bécosses, et à ses 16 et 17 ans, c’est ce garçon qui nous gardait. « Nous » étant moi, ma sœur et les 20 autres adolescents qui demeuraient en famille d’accueil. JP demeura avec nous jusqu’à ses 18 ans.
Enfin des filles!!!! Du moins une première cohorte de deux sœurs ND et SD. La plus âgée, ND, a influencé très positivement mes goûts musicaux. Cette blondinette m’initia à des groupes hip-hop tels que; Run DMC, Beastie Boys, Ice-Cube, DJ Jazzy Jeff & The Fresh Prince, N.W.A., etc. Sa sœur SD, beaucoup plus timide, deviendra ma « fréquentation » vers l’âge de mes 10 ans.
Rappelez-vous que mes parents tenaient un bar où des orchestres rock performaient tout le weekend « en résidence ». C’est-à-dire qu’après leurs sets, aux petites heures du matin, les musiciens avaient leurs chambres d’attitrées au deuxième étage du bar. Pendant que mes parents s’occupaient du bar, c’est une résidente du foyer d’accueil pour personnes âgées de Mononcle et Matante Tartempion, une dénommée Lise, âgée d’environ 128 ans. Elle ne voyait tellement rien, qu’on buvait de l’alcool dans sa face, elle n’y voyait que du feu! J’pense qu’elle souffrait de narcolepsie, et même réveillée elle semblait dormir.
Nous n’avions pas de câble, et il arriva de temps en temps que je regardasse certains films assez weird pendant que la gardienne sommeillait sur le Lay-Z-Boy et moi sur le Chesterfield (sofa ou divan pour les fins connaisseurs), c’est là que je me suis tappé les VHS de Face à la mort, Caligula, Cannibal Holocaust et Barnens ö, un film suédois assez ouvert d’esprit, peut-être même trop.
Pour l’alcool, il était facile de m’en procurer, mais je n’ai dirai pas trop sur le sujet afin d’éviter des problèmes à des membres de ma famille, mais, nous avions dans notre maison, une pièce discrète servant à cacher des caisses et des caisses d’alcool. Légales ou de contrebandes, peu importe, ces centaines de bouteilles de 60 onces ont marqué ma jeunesse. Ceux que je préférais, au goût étaient évidemment les crèmes et les liqueurs telles que le Tia Maria et le Peach Schnapp, mais ceux qui gommait le plus étaient le gin Beefeater et le fameux rhum Bacardi qui, supposément, allait nous métamorphoser en chauve-souris! Hein Mr Bonheur?
Mes parents avaient la brillante idée, à des dizaines de reprises, de nous faire des surprises, mais d’immenses surprises. Un soir, ils nous ont réveillés, ma sœur et moi, à deux ou trois heures du matin, et ils nous disent qu’on part en auto en Floride, right now. Les valises étaient faites. Une fois à quelques jours avant Noël, sur la proposition de mon père, j’ai eu droit d’inviter un ami, donc j’appelai le meilleur d’entre eux, Mr Bonheur.
*Dring* *Dring* j’appelle chez mon ami. Il est passé 3ham. Il est très tôt. Ou très tard, comme disaient mes parents, les tenanciers du bar. Le père de mon ami répond « quoi » de son air bête naturel, et il remet l’appareil, sans rien dire à sa femme.
« Bonjour, c’est Shannon. Je sais qu’il est tard, mais on part dans moins d’une heure pour la Floride, et j’aimerais inviter… » – Répétais-je mon scénario à la Maman de mon ami. « Shannon, il est bien tôt (Bingo! J’savais!). Mais oui, je vais le réveiller.
La mère de mon ami alla le réveiller en pleine nuit et lui présenta un bas de Noël avec une orange à l’intérieur. Mon ami la dévisagea d’un air interrogatoire, se demandant qu’est-ce que sa mère pouvait bien faire à cette heure dans sa chambre. Elle lui annonça qu’il partait en Floride… genre NOW! On a eu énormément de plaisir là-bas! J’ai encore de beaux souvenirs. On a même conduit un tank!
Excepté lui, j’avais peu d’amis. J’étais souvent seul, avec mon couteau de Rambo et mon fusil à plomb!
Déménagement à Lachute
À mes 9 ans, un vendredi quelconque de février 1989, l’hôtel-bar le Pine-Hill Lodge est en vente, nous déménageons dans une grande maison ancestrale sur la rue Millway à Lachute, et c’est pendant ces deux prochaines années et demie que les séjours des jeunes résidents se succédèrent. Il y a toujours un ou deux réguliers, mais la plupart ne sont qu’avec nous temporairement, d’autres fuguent, certains commettent des crimes et retournent en centre d’accueil, etc. À ce moment il y a une majorité de garçons.
Comme on dit en créole: ki di vilnerab jenn gason, di dominan blan. Pou seksyèl!
Ouf, tels des vautours, plusieurs gravitent autour du pot de miel. Mais ça, c’est pas de mes affaires, ça appartient à d’autres. Si j’ai une chose à vous dire les boys, assumez!
Woohoo! Enfin d’autres filles! De la vingtaine de jeunes que nous avons hébergés, environ sept ou huit filles furent mes sœurs d’accueil, dont une fut ma petite amie. I know it’s weird. On a sorti environ le temps d’un été, j’avais 10 et elle 16. On était souvent ensemble, on se frenchait tout le temps, même dans l’coffre du station-wagon au dedans d’imitation « mahogany », en descendant sa Rive-sud!
J’en ai retrouvé plusieurs grâces à l’arrivée de Facebook, c’eût été un jeu d’enfant de retrouver certains de ces anciens colocataires, donc j’ai pu garder contact. Tristement et tragiquement, au fil des ans, plusieurs de ceux qu’on gardait sont décédés, principalement par suicide.
De 9 à mes onze ans ont a en fait et on m’en a fait faire des conneries!
On jouait de temps en temps à un jeu d’étranglement où il fallait prendre et retenir une bonne bouffée d’air, se lever la tête en l’air et un autre personne devant, avec la paume de ses mains, serre de chaque côté de la trachée. Comme ça, la personne respire encore, mais il y a un manque de sang et d’oxygène au cerveau. Ce jeu, je l’ai fait des dizaines de fois. La dernière fois fut lorsque la personne qui devait m’empêcher de tomber par l’arrière et de me faire mal, a eu la brillante idée de s’accroupir derrière moi. Environ 5 secondes plus tard, je me réveillais avec un mal de cou et un lèvre fendue.
*Avertissement, ne jamais tenter ça. J’ai décidé d’être explicite afin de comprendre le phénomène.
À 11 ans une fois, je me liais d’amitié avec un « BS d’la terrasse Saindon » ou si vous aimez mieux Ayersvillois. Il était âgé de 18 ans. Un weekend, nous avons joué à des jeux vidéos jour et nuit, non-stop. Pour résister au sommeil, nous mangions littéralement du café instantané mélangé avec du Coke. Je ne me souviens pas trop pourquoi, mais un jour, cet ami dépassant largement mon ainé, est arrivé chez moi, vous savez la grande maison ancestrale. Ben un des résidents lui a sacré une volée, pis d’aplomb à part ça. On m’a interdit de le revoir, et encore aujourd’hui, c’est un mystère.
La saga avec le Pine-Hill Logde est enfin terminée, mes parents ont tout vendu. Une page importante de mon histoire s’est tournée.
Les vautours dont je parlais plus tôt étaient de plus en plus présent autours des jeunes. Ceux-ci on tenté à plusieurs reprises d’avoir une partie de ma chair, mais vous savez, à partir de 10 ans… On touche pu à tchagg!!
Le dernier qui s’est essayé sur moi fut, CB, l’un des pires vautours. L’histoire: Étant une personne de grand cœur, et aimant rendre service, aussi incapable de dire « NON », mais c’ets une autre histoire. Bref, je suis allé aidé cet ami de la famille qui avait besoin d’aide pour peinturer son nouvel appartement, boulevard Argenteuil. Je suis debout sur un escabeau et je fais du bon travail éreintant au plafond. Lui, CB, trente ans mon ainé me demande: -« Tsé Shan, toé pis moé, on est comme des frères, hein? ». -« Euh, oui, oui, je t’apprécie, t’es un bon ami de la famille. » Lui répondis-je. -« Pis entre frères, on se supporte, hein bro’? » Me relance-t-il. Et il continua, -« peux-tu te masturber devant moi? ».
WTF
Autre anecdote du même rapace. Toujours vers l’âge de 10 ans, mon père décide d’aller en voyage en Floride (pour la six ou la neuvième fois), mais cette fois-ci avec les jeunes résidents en famille d’accueil. Moi, mon père, ma petite sœur (8 ans), un vautour, quatre jeunes en famille d’accueil (3 gars, 1 fille), et nous étions séparés en 2 voitures. Je parlerais uniquement de celle dans laquelle je me trouvais.
Je suis assis seul sur la banquette arrière de ladite voiture, une Géo Métro rouge, et en avant, un adolescent de quinze ans, du côté passager. Le conducteur, c’est un « ami » proche de la famille, un peu trop proche même, vous savez un de ces oiseaux qui m’écœurent. Bref, pour une raison ou une autre, les deux voitures se sont perdues de vue sur le highway dans l’état de New York. J’en étais à ma énième fois à faire ce trajet en auto, et je connais ma géographie comme un enfant connait ses tables de multiplication. Je leur indique le chemin. Un est d’accord avec moi, l’autre non.
Nous sommes en plein cœur de la Virginie, arrêté dans un « trucktrop 24h », et littéralement une chicane de couple se déroule devant mes yeux. Ils s’engueulent. L’un frappe d’autre. Ils pleurent. Le conducteur, l’ami de la famille, un homme de 40 ans refusaient de repartir de là tant et aussi longtemps qu’ils ne seraient pas réconciliés. SA-CRA-MENT! J’ai des « feedbacks » des agressions de mon oncle, qui se sont toujours déroulés ailleurs qu’au Québec, en voyage. L’idée d’être abandonnée encore une fois refait surface.
En conclusion de cette histoire, après environ une heure, ils ont fini par se pardonner, en chialant gaiement et à s’embrasser langoureusement tout en jurant qu’ils ne se chicanaient plus jamais! L’amour n’a pas d’âge qu’ils disent!! Maudit j’aurais voulu être ailleurs!
Quelques semaines plus tard, en revenant de voyage de l’a Floride, que je raconterai dans un autre article, nous n’avions plus la famille d’accueil. En vérité, JP, l’ainé et le chouchou de mon père a atteint sa majorité et est partit en appartement, les autres ont été dispersés dans d’autres familles. Aujourd’hui, avec l’aide de Facebook, j’ai recontacté ce grand gaillard, JP, et j’ai beaucoup d’admiration et d’empathie pour cet homme, aujourd’hui près de la cinquantaine.
Avec le peu d’argent que la vente de l’établissement de Pine-Hill a rapporté, ma mère retourna aux études pour terminer son diplôme d’études secondaires et un diplôme d’études professionnel en préposée aux bénéficiaires. Bravo Mom!!
La famille nucléaire éclate et ça a l’effet d’une bombe pour tous, sauf moi. Mon père déménage à Montréal, pour travailler et avoir accès facilement aux parcs louches, aux bars gais et les fameux saunas pour hommes seulement, que mon père appelle affectueusement « You Belong ». Ma mère, un soir de fin de semaine, décide de lui faire une visite « coucou surprise ». Il n’y avait plus aucun doute pour elle, mon père était gai. Quelques semaines plus tard, ils se sont séparés « légalement ». Le 28 avril 1991.
Ma mère accumule les jobs, préposée aux bénéficiaires à temps plein, « on the side » elle a quelques vétérans qu’elle prend soin, en plus de faire du ménage chez des personnes âgées. Durant les derniers jours à demeurer à Lachute nous trois, jusqu’au 1er juillet, dans la grande maison devenue soudainement tranquille, nous nous préparions à une autre vie, celle de monoparentale.
Déménagement à St-André-Est, comté d’Argenteuil!
Mes parents étant, comme on m’a toujours dis, « légalement séparés », nous quittions la maison cossue de Lachute, pour nous installer dans le petit village voisin de St-André-Est (maintenant St-André-Carillon) à quelques kilomètres de Lachute. La première année, soit en 1992 se déroula, du moins pour ma part, de façon normale. Beaucoup de premières fois!
1ère vraie blonde – SR 1er french d’amour – SR Youppi! On a finalement le câble!
C’est en secondaire 2, donc à l’âge de 12 ans, sur la rue Davis dans un duplex aux airs de chaumières, que la vie normale viendra, du moins je le pense. Ma mère travaille beaucoup trop. Dans ses temps libres, elle commence à s’intéresser de plus en plus aux jeux de hasard. Aujourd’hui j’ai compris que c’était sa manière d’oublier le fait que son mari l’a crissé là avec 2 enfants, et qu’il était homosexuel en plus.
De plus en plus je participe aux activités sportives à l’école et les soirs et les weekends j’étais souvent au terrain de basketball, à la patinoire ou au terrain de baseball. Une routine s’installe; école, Nintendo, sport, dodo.Entre ça, je me bats assez régulièrement. Quand la bataille éclatait à la Polyvalente Lavigne, j’avais soit un abonnement aux retenues du soir ou un emploi à temps partiel de conciergerie (maudits travaux communautaires).
Sinon quand ça arrivait dans les rues de Saint-André, c’était avec les Anglais, soit lors de joute sportive ou sinon j’avais 2-3 réguliers avec les lesquels j’me battais.
Deux ans dans cette routine
À mes seize ans pile j’obtiens mon permis de conduire ainsi qu’une voiture que mon père m’a offerte. Une Dodge Lancer 1986 grise. C’est avec cette voiture que je commençai à travailler au Métro du « sandasha » à Lachute. Maudit que je détestais la superviseure, elle était toujours sur mon cas. Quand elle m’a sacré dehors, je lui ai dit de se refaire la face avec mon 4%. Ouf, j’pas fier de moi!
La troisième année la petite famille monoparentale déménage dans une maison unifamiliale sur la rue Maurice, sise dans le même village. Je suis en secondaire 3, et j’adore l’école! Ma petite sœur n’a pas la même chance que moi. Celle-ci n’a pas les notes de passages et intègre les classes à cheminement particulier.
Préférant faire la fête, sucer son pouce, manger ses Fuit Loop et écouter ses bonhommes, ma sœur n’aime pas l’école et personne ne l’aide. Ni moi ni Maman. Elle a 12 ans et a encore de la difficulté avec les bé, les dé, les pé et les qu. Sinon les emme pis les enne aussi.
La routine de Maman consiste à essayer de concilier ses 3 jobs, sa consommation d’alcool au bar et ses chums de gars (ou amis comme elle dit), et elle est présente un jour ou deux par semaine à la maison. Au moins la maison et les factures sont payées, mais la bouffe se fait rare.
Très souvent mon père qui est soit déménagé à Montréal, Toronto (ON), Plant City (FL) ou Prescott (ON) nous dépose de l’argent dans un compte conjoint pour qu’on puisse acheter du manger. Merci Papa!
Mes tantes restant dans le coin nous apportent à l’occasion des restants. Merci Matantes!
Pour la dernière partie de ma vie d’enfant, on s’installa en haut de la côte sur la rue Wales à Saint-André-d’Argenteuil. Les trois dernières années dans l’coin! Maman venait encore de temps en temps pour dormir, disons qu’elle avait une chambre en haut de l’hôtel Laurentien. Elle dormait là quand elle finissait de jouer d’in machine « pour amusement seulement? Yeah right! ». Ou bien qu’il était trop tard ou qu’elle avait trop bu. Ben elle avait sa chambre à quelques pas. Un lit d’appoint, un lavabo pour se laver « oralement » avec une débarbouillette, un cadran et une toilette partagée à l’étage.
Moi et ma petite sœur, pendant ce temps-là, on avait déjà eu un avant-goût de l’autonomie, vous souvenez? Sur la rue Maurice? Mais là, mon père est déménagé à Colombus, Ohio, et ma mère est dans ses moments les plus sombres, désolé Maman, mais tu n’allais pas bien. La séparation t’a fait beaucoup de peine et tu noyais ça dans tes 3 jobs que tu donnais beaucoup d’heures, ta vie d’hôtel après le travail, ton addiction aux jeux de hasard, tout ça pour dire que moi et ma sœur Jaime à 15 et 13 ans respectivement, Viva La Libertad!!!
Ma sœur lâche les cours et continu de « tripper », à se coucher et se réveiller tard, écouter les la télé toute la journée, inviter ou aller chez des amis faire la fête, ce genre de vie. Ah oui!! Elle traine en permanence sa « petite couverte » alias une taie d’oreiller avec laquelle elle suce toujours son pouce. J’la voit pas souvent ma tite sœur, mais si j’me trompe pas, elle le suce toujours à 42 ans. J’tm Jaime 😉
De mon côté, je n’aime pas trop faire la fête. J’suis allé dans plein de partys, j’ai aussi fait de méga-fête, mais jamais sur une base récurrente. De temps en temps je sortais de ma zone de confort, et j’allais tripper, moi aussi. Je suis le one-night-stand des amis, haha j’aime ça. Certainement j’ai ma tite clique que je voyais sur une base récurrente, mais on jouait à Donjons et Dragons, au PlayStation ou au Super Nintendo, on chillait comme des ados normaux, mais chez nous, j’étais souvent seul.
Je m’ennuyais pas, au contraire, j’aimais bien la liberté et la débrouillardise qui m’était offerte.
Mon père venait de me donner un PC Pentium V et venait d’avoir Internet 56K, j’avais constamment des amis qui dormais à la maison pour « chatter avec des chicks ». Un soir, un de mes amis a même rencontré ma mère pour la première fois, et celle-ci était assise, nue, sur le bol de toilette en train de couler un bronze… « Enchantée, Madame! ».
À 17 ans j’ai commencé à vendre de la marijuana. J’achetais mon stock chez les Indiens à Oka, je n’ai jamais su la sorte, mais plein de monde m’en achetait. 10 piastres le gramme. 25 le 3 grammes et demi. Un jour, pour faire plus d’argent, je me suis mis à les vendre préroulés. Je ne consommais pas, mais j’ai un talent naturel pour le roulage de joints. En bâton ou en cône, je peux même en faire avec des design! Les joints de 0,7 gramme se vendaient 10$, mais il était parfaitement roulé.
À 18 ans, je suis devenu majeur et vacciné. Je déménageai à Saint-Jérôme pour entamer mes études au CEGEP, et plus jamais je ne demeurai en Argenteuil.
Ma petite sœur et moi aujourd’hui, nous souffrons en silence. Cette jeunesse parsemée d’instabilité et d’incertitude nous accable encore aujourd’hui. Nous regardons nos enfants grandir et nous tentons, du mieux possible, de leur permettre de vivre avec une base solide.
En toute franchise, j’ai appris beaucoup de tout ça. Maintenant, même si travaille fort pour retrouver le « p’tit shannon » en moi, je suis en paix. Mais je tenais quand même à raconter mon histoire.
Aujourd’hui je parle à ma mère plusieurs fois par jour. Elle m’a toujours protégée, et elle me fait du bien. Elle n’a pas toujours fait les bons choix, mais pour moi, ça s’est bien passé.
Pour mon père, c’est difficile pour moi de lui parler parce qu’il a choisi son frère, mon agresseur. Le Duo Infernal! Je n’en parle pas dans ce texte, car j’étais majeur à l’époque, mais j’ai avoué à mon père à l’âge de 18 ans que son frère m’avait agressé à plusieurs reprises à l’âge de 7 et 8 ans. Pis pas juste des attouchements! Il a répondu: « j’le sais. Je lui ai dit de ne pas recommencer. »
J’ai reçu énormément de témoignages de victimes, de témoins directs et indirects, de gens qui ont entendu des choses. Relatant comment les dommages physiques et psychologiques que certains de ces jeunes en famille d’accueil ont subis.
Maintenant que fait-on avec ces autres enfants de la DPJ? Est-ce qu’on ouvre la canne de vers et trouve des coupables? On passe à autre chose, jusqu’à temps qu’un autre se suicide? Je sais ce que c’est d’être une bombe à retardement, j’y travaille quotidiennement à la désamorcer. Je souhaite que les autres gars, comme moi, qu’on subit des atrocités, ne gardent pas ça en dedans. Et qu’ils n’hésitent pas à chercher de l’aide.
Des pédophiles, y’en a plus qu’on pense. C’est des réseaux interlopes (undergrounds) bien organisés, et beaucoup se connaissent entre eux, à la recherche de petits écureuils! Attention à vos enfants. N’hésitez pas à en parler ouvertement. Plus on en parle, plus ils se cacheront.
#laissezlesenfantstranquilles #everychildmatter
tchagg tchaggensen
Mise-à-jour 30 septembre 2022
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Aheum, OK! Désolé mesdames, pour les messieurs je suis moins désolé. C’est rare que j’me brag, mais là c’est plus fort que moi!
Connaissez-vous ma femme? Emilie ou Jajoo de son p’tit nom doux?
Il faut je vous raconte tout, cette histoire c’est à mon avis (un peu biaisé) la plus belle aventure qu’y m’est arrivé dans ma vie.
En 2000, le jeune tchagg âgé de 21 ans déménage à Saint-Jérôme pour commencer le CÉGEP en sciences humaines. Je ne connaissais peu de gens dans le coin, donc j’ai décidé de rejoindre le réseau de clavardage (chat) mIrc, précisément le canal #St-Jerome, et c’est là que je rencontrai plusieurs personnes qui deviendra des amis, des vrais. Parmi eux, la plus belle femme que j’avais jamais vue de ma vie. « Outta my league girl! », je me disais.
Emyyy_18
Comme un aimant et ses forces d’attractions inexplicables, cette fille-là a non seulement le plus beau des sourires, mais aussi un look et un style vraiment flyé, tout ça orné d’un visage d’Ange. J’étais sidéré de connaitre une si belle femme. Juré craché: lorsque j’avais de la visite d’amis, je leur montrais des photos de Emyyy_18 (habillées) sur mon ordinateur, celles qu’elles m’avaient transférées en /dcc, et en me pétant les bretelles j’me félicitais de la connaitre. I hate to brag, but I know her!
La photo de ma « Mona Lisa »
Ses cheveux noirs ont eu plusieurs styles au cours des deux dernières décennies, mais elle a toujours été flyée!
Au début de notre « amitié », il y a plus de 20 ans, j’étais en couple. J’ai même fréquenté 3 autres filles tout en connaissant la belle Emy. Une de mes ex m’a même déjà dit: « Va dont voir ta gothique que t’aimes beaucoup! ». Ouf, si c’était aussi simple!
Même si moi et Emy étions amis, ça ne m’empêchait pas de l’aider à cruiser des gars. Un bon ami, ce tchagg!
À plusieurs reprises j’allais errer au centre commercial, seul ou avec des amis, au Carrefour du Nord, précisément où elle travaillait dans une petite boutique de cossins pour filles. Maladroitement j’allais lui demander comment elle trouvait ma nouvelle coupe (coupe des années 2000 pis des flashpoints) tout en accrochant des présentoirs. Jamais elle ne se doutait que je la trouvais de mon goût, jusqu’au moment où je lui ai gravé sur un CD-R, la piste sonore du film « Dirty Dancing » que j’avais négligemment emprunté à mon ex.
C’est après une année d’études au centre de formation professionnelle – Paul-Émile Dufresne à Laval en vente de voyages que le tout s’enflamma, par une rencontre tout à fait fortuite et pour le mieux. Une nouvelle enseignante en tourisme, Gigi, assez spéciale exotique qui nous arrive tout droit d’un conte de fées. Au premier cours, les élèves se regardaient et se disaient: « Kissé cé ça pour l’amour du St-Ciel? » Elle enseignait l’anglais et l’offre touristique de l’Asie et un jour nous étions allés visiter à Montréal un temple bouddhiste, une mosquée et un temple hindou. Sur l’heure du dîner en plein resto et devant les autres élèves, elle me demanda à moi, le seul garçon dans la formation, quel était mon genre de fille.
Je lui décris Emyyy_18
Ce n’est que quelques semaines plus tard que cette même enseignante me dit entre deux cours: « Shannon, j’ai quelqu’un à te faire rencontrer! Ma nièce, elle s’appelle Émilie, tu vas voir qu’elle est vraiment fine ». Elle me refile un bout de papier avec son numéro et son nom, Émilie Filion.
Je l’appelle et effectivement c’est la même fille de mes rêves, que je connaissais! Mais quel hasard! Il ne reste qu’à voir si ça fonctionne nous deux, donc je l’invite à une date un samedi soir! Mais pas n’importe quelle date, une dette date d’étudiant. Un souper au McDonald’s à Lafontaine et on se tape le grand chef-d’œuvre – 40 ans et encore puceau. Avec 635$ par mois, c’est ça qui arrive.
Premier échange courriel tchagg / Emy
Moi et ma légendaire maladresse envers les filles qui m’intéressent frappons à nouveau. Lorsque la soirée modeste se termina et que nous étions devant chez elle dans ma superbe VW Golf rouge pas de muffler, je lui dis que j’étais allé voir une diseuse de bonnes aventures et qu’elle m’avait dit que je cherchais le grand Amour trop loin. Que la bonne, je la connaissais depuis un bout de temps. Imaginez la face à Emy! WTF is that creep?
Je vous vends le punch, on est encore ensemble!
Alors, deux semaines à se fréquenter, mais toujours rien d’officiel. Pas de rapprochements. On s’appelle. On s’écrit. On déjeune. Je tombe tranquillement en amour avec la fille la plus jolie et la plus gentille que je connaisse. Je souhaite tellement ne pas tomber dans la « friend zone ».
Le soir du 2, septembre nous étions sur le Chesterfield à regarder TVA Nouvelles avec le séduisant Bière Pruneau.
À minuit pile je l’embrassai sur la bouche en lui disant: Bonne fête!
C’est officiel! Uno, c’est définitivement son anniversaire! Deuzio, on sort ensemble! Et troizio, elle embrasse à merveille et elle goûte bon! 😀
Je sortais de temps en temps dans des bars avec Emilie et ma gang mIrc. En fait pas souvent, j’aime trop le confort de mon chez-nous. Mais quand même un soir, nous (la gang d’internet et mon ami Franck) étions tous sortis au légendaire bar jérômien, le Vieux-Shack. Étant du type réservé, vous comprendrez que je ne danse pas. Du type accoté ou assis, avec une beurk bière à la main, le regard se promenant sur la manne de gens ayant du plaisir comme des fous et mémorisant des « mooves » de danse des plus cools et les choses à ne pas faire pour les poches.
Faire une histoire courte avec une histoire longue, mon regard se posa sur un mec complètement bourré et mal élevé qui dédallait à travers la piste de danse se collant et se frottant sur pas mal toutes les filles. Il est arrivé à ma blonde et il l’a pris par-derrière en l’embrassant dans le cou. Dans une fraction de seconde il était par terre, sa bière brisée à la main qu’il tenait par le goulot.
Je me suis relevé et je suis retourné me rasseoir et pris une petite gorgée de ma bière chaude. Le gorille du bar m’a agrippé par le corps et en ne touchant jamais par terre jusqu’en dehors du bar, j’étais à l’air frais. En fait moi et lui. Lui, il se demandait ce qui venait de se passer, et moi, heureux de rentrer. 😀
Chaque jour mon amour et mes sentiments grandissent pour elle. On fait plusieurs weekends d’amoureux à Québec, et mon travail me permet de voyager aux quatre coins du Québec (Sherbrooke, Saguenay, Gatineau, Montréal, etc.). Mon amoureuse travaille toujours dans une boutique, mais savez vous quoi? Elle est heureuse. Elle me rend heureux.
Quétaine de même, on a un petit livre où on s’écrit des messages d’amoureux ou d’autres informations, en voici quelques-unes, et qui les ont écris:
Fais la litière svp – Émilie
N’oublie pas ce soir, y’a les Poupées Russes! – Shannon
Peux-tu passer louer le DVD du show de Guy Nantel? – Shannon
On soupe chez mon père samedi – Yay! – Émilie
On soupe chez ton père samedi – Câlisse! – Émilie
Jajoo, veux-tu m’épouser? – Shannon
La liste s’est arrêtée-là! – Shannon et Émilie
Mais elle a dit OUI! 😀
Ce qu’elle ne savait pas est que deux ans auparavant, comme un homme, j’avais rencontré son père chez lui, seul. Et je lui demandai la permission de me marier avec sa fille, qui m’accorda sans hésitations. Pourquoi deux ans plus tard? Ç’a adonné que mon beau-frère se mariait cet été, et j’ai décidé de renouveler d’une année mon silence à ce sujet.
Le mariage était juste WOW! Avec sa robe faite sur mesure à la main, Émilie était enceinte et rayonnante de joie. Une petite chapelle blanche au fin fond du bois bordée d’un petit lac. Le party méchoui dans un immense chalet à Saint-Sauveur dans les Laurentides. Près d’une centaine de personnes. La bière et les shooters à 1$, des bouteilles de vin à prix coûtant et un party complètement enivrant! On nous en reparle encore de cette fameuse fête mondaine.
Emy et sa sœur (Sweetpunk)
Samedi fut le mariage et pour le voyage de noces, nous avions prévu quitter pour Québec uniquement lundi. J’avais réservé une grande suite au chic hôtel Le Château Laurier avec balcon et vue sur les plaines d’Abraham où se donnait la veille, dimanche, un spectacle mythique de Paul McCartney. Bref, moi le dimanche, j’avais autre chose à faire! Aller nettoyer le chalet, rapporter les articles en location (verres, nappes et chaises) et j’ai eu la brillante idée de déposer au guichet automatique tout l’argent et les chèques reçu en cadeaux en 4 dépôts d’un pouce, un pouce et quart.
Malchances et stupidités de ma part;
il y avait plein de botchs de cigarette au chalet (50$ d’amende)
j’ai perdu un sac avec les jupes de table en location (-650$)
je me suis trompé dans les dates du voyage de noces et on avait réservé pour la soirée de Paul McCatrney (-485$)
j’ai tellement déposé de l’argent que notre carte est bloquée (rires gratuits)
j’ai pogné les hémorroïdes en étant assis sur un canon de la terrasse Dufferin (-7$ le tube + d’autres rires)
Mais notre voyage fut hémoromémorable, dans tous les sens que vous voudrez!
Même si nous vivions beaucoup de bonheur, celui-ci prit de l’ampleur avec la naissance de ET – L’extraterrestre! Limerick! Un jour j’aurai probablement la chance de vous parler de cet être extraordinaire! Notre famille est soudée.
Limerick AKA Limette, LimeLime et E.T. Phone Home
À partir de ce moment, d’autres enfants naquirent, Eli James et Josh, et le bonheur semble bien vouloir suivre notre petite famille. On touche du bois.
Notre couple n’a pas toujours été un conte de fées non plus. Chaque jour nous nous aimons toujours plus, mais autrement. Je ne me vois pas avec une autre fille, elle non plus, elle dit j’ai abimé son corps. hahaha c’est des farces!
Encore aujourd’hui je le dis: j’ai marié la plus belle des Anges avec un sourire qui me donne le goût de sourire. Plusieurs en témoigneraient, elle est réellement une des plus gentilles qu’on connait!
Je t’aime mon amour, ma muse!
Bon 40 ans, t’es toujours aussi belle!
Jajoo alias Gran Sasso
tchagg tchaggenssen
PS: Émilie ne se limite pas à ce qui est écrit ici. Vous verrez à travers ce blogue qu’elle est vraiment un honneur pour moi qu’elle fasse partie de ma vie.
PPS: Le gars du Vieux Shack n’a pas été blessé. L’impact du placage contre le sol lui a fait éclater sa bouteille de bière. Il n’a pas été tabassé, ni en dedans, ni dehors. Les fils se sont touchés!
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Même si je suis Papa de trois magnifiques enfants, mes testicules n’ont pas toujours été en pleine forme! Effectivement, à cause de trois accidents, celle de gauche a la forme d’une fève de Lima.
Fèves de Lima
Ma première blessure aux noisettes fut en 1987, soit à l’âge de 8 ans.
Un événement social organisé par le Club Optimiste du coin avait lieu cet été-là à St-Michel-de-Wentworth/Pine-Hill dans les Laurentides. Je m’étais rendu seul à vélo (600m), je me fonda dans les quelques personnes présentes à l’événement, participa aux activités et je me régala de burgers et de roteux.
Le parc de jeu est situé directement en face de l’Hôtel du Chasseur (l’ancien compétiteur de notre Pine Hill Lodge), et possède un terrain de baseball, une patinoire et des modules de jeu.
Trajet en vélo
Pour l’événement, il y avait plusieurs activités d’organisées telles que du tir à l’arc, un concours de tir à la corde, un autre au tir au pigeon d’argile et d’autres jeux d’adresse, mais aucune tire d’érable. Au lieu de participer à ces activités, je m’amusais avec d’autres jeunes qui ne venaient pas du coin.
C’est à ce moment que j’ai vu un de ces immigrés locaux faire quelques acrobaties. Des pirouettes au sol, des flips aux barres parallèles et je l’ai même vu marcher sur des barres de suspension de type « monkey bars »!
Les « Monkey Bars »
C’est à ce moment que mon cerveau a eu la brillante idée de faire pareil comme le petit acrobate et je marcha, moi aussi, sur les barres. Ça n’a pas pris trois pas sur les fines traverses que mon entrejambe se retrouva à cheval sur l’une d’elles. Ouillllllllle mes couilles!
MOI! Qui ne pleure jamais, et encore moins en public. Après cette blessure inouïe aux testicules. J’enfourcha mon vélo. Je retourna chez moi en pédalant debout comme si j’avais le maillot jaune du Grand Tour de France sur le dos. Zooooooom, bye pis fly!
J’entre par la porte du bar où mon père servait quelques clients fidèles d’après-midi, et sans dire un mot je me dirigea vers nos quartiers. Dès que je referma la porte derrière moi, je lâcha un cri-pleur.
Environ 15 minutes se sont écoulées entre ma blessure et mes pleurs. Un vrai mâle qui disent!
Une deuxième blessure à la même couille pendant une bagarre en secondaire 4. Des dizaines de personnes formant un cercle et au milieu se tenait moi et MB, les deux belligérants. Pour tout vous dire, j’étais censé me battre contre un autre gars, mais celui-ci s’est désisté à la dernière minute, et il a désigné un de ses amis pour le remplacer.
Ding Ding!
Dès le début du combat, j’étais encore en train de m’étirer quand je reçois un de ses coups de pied directement entre les jambes! Immédiatement je plia en deux et mon adversaire me renversa sur le dos. Résultat = bras droit en plâtre!
Les seules blessures que j’infligea indirectement à mon ami furent sur ses poings. Me ruant de coups lorsque j’étais sur le dos, j’ai pu éviter quelques-uns des coups de MB, qui alla s’écraser contre l’asphalte.
Le dernière blessure aux même testicules se déroula vers mes 20 ans. Celle-ci, je suis pas mal moins fier, mais l’histoire fait partie de mes branches de vie.
Tout le monde en a fait des niaiseries, surtout à l’adolescence. Un garçon normalement atteint la maturité vers les 20 ans et vers 30 ans, le cerveau atteint l’âge adulte et devient mature.
L’histoire se déroule au bar le Vieux Shack et je suis en compagnie de quelques amis venus de Lachute pour fêter quelques fêtes que ce soit. Évidemment nous avions bu, mais ceux et celles qui me connaissent, je déteste l’alcool. La pire affaire à ce bar est qu’avant minuit, la bière est 2 pour le prix d’une. Ark!
Après ma bière et quart mes amis décidèrent d’aller rouler un bâton de marijuana dans la voiture à mon ami Pretz, une petite Geo Metro à 3 cylindres. Pendant que le dessert de boucane était en préparation, j’ai eu la brillante idée de lui jouer un tour, un vraiment mature.
Le tour consistait à me placer derrière la petite voiture, et pendant que mon ami s’affairait à sa besogne, j’enculais son char. Bien sûr j’étais habillé! Bang! Bang! Bang! On entendait les freins crisser tellement je balançais du bassin. OK, deux ou trois fois c’est drôle. Mais pas pendant 10 minutes, alors que Pretz essaie de rouler!
Ce n’est que le lendemain que je me rendis compte qu’encore une fois ma noix gauche fut victime de violence.
Quelques jours suivants, lors d’un rendez-vous médical annuel, je lui parla de mon problème de testicules. Le doc tâta ma poche et pour les poètes et les plus érudits, il scruta mon scrotum.
C’est à ce moment qui m’a posé la question qui tue – « qu’est-ce qui est arrivé? ».
Avec honnêteté, je lui relata les problèmes que j’ai eus avec mon paquet, sans oublier de lui mentionner que j’avais eu une relation avec une Géo Métro!
En tout cas, le résultat de mes blessures: contusion à l’épididyme
Ça ne m’a pas empêché de faire ces trois petites merveilles là!
C’est vendredi dernier, le 5 août, que je recevais, par l’entremise d’un huissier fort séduisant, une mise en demeure visant à non seulement me faire taire sur les réseaux sociaux en exigeant que je retire tous mes articles de blogue concernant mon oncle et l’inceste subi. La cerise sur le sundae, présenter des excuses publiques à mon agresseur. Y rêve en couleurs!
Ce que je réponds à ça?
Mange ma couille gauche! C’est aussi le nom de mon prochain article de blogue
Ce qui le dérange? « Désolé mononc’, mais ce n’est pas de moi que tu as peur. » Ce sont toutes les autres victimes qu’il a faites sur ton passage. Et on sait tous les deux que ma dénonciation c’est l’équivalent d’ouvrir une « canne de vers ».
La sortie en règle que j’ai faite à son égard n’est pas une vendetta personnelle. Si j’avais été la seule victime, je n’aurais possiblement rien dit s’il avait eu la décence de s’excuser. Mais au nom des autres jeunes, impossible pour moi de lancer la serviette sur son cas.
Dire qu’il a été famille d’accueil en plus! Pour des gens vulnérables! J’ai mal au cœur juste en y pensant!
Sérieusement, si l’idée de le dénigrer ou de diffamer ce pédophile avait été une de mes motivations, ça aurait fait 6 ans que j’aurais été sur son cas. Six ans à me mordre les lèvres, à me taire, à attendre, à subir des revers, etc. Me semble que si j’avais voulu ça, je l’aurais fait bien avant. Mais j’ai attendu que l’info sorte officiellement.
Ah oui, ma mère également a reçu une mise en demeure de la part des avocats de mon agresseur pour avoir partagé mon article sur Facebook . Sa réponse à elle? Qui mange ma câlisse de raie! La pomme ne tombe jamais loin de l’arbre. haha
Dénoncer publiquement? Si c’était à refaire, je le referais. Quant à moi, y’aurait sa photo avec un avis de recherche d’autres victimes dans le journal local. Mais c’est en Ontario. Si vous saviez le nombre de témoignages d’autres victimes, de témoins directs et indirects des violences sexuelles, vous en auriez le vertige.
C’est quoi dénigrer quelqu’un ?
Attaquer la réputation de quelqu’un, le noircir, chercher à le rabaisser ; discréditer, décrier quelque chose, parler avec malveillance de quelque chose ou de quelqu’un.
1- Je n’attaque personne, je parle de ce que j’ai vécu. C’est sain. 2- J’ai repris un lien déjà existant sur le site des criminels recherchés à Niagara. C’est public et je n’ai rien inventé. 3- J’averti les jeunes qui continue de te côtoyer, parce c’est long guérir de ça. Vaut mieux prévenir que guérir. 4- J’aurais tellement aimé qu’il fasses un homme de lui, et qu’il avoue et qu’il assume. Comme dans ton témoignage vidéo à la police du type… « Juste une fois au chalet »!
Si mon article lui a fait d’la grosse pei-peine, c’était à lui de pas le lire. Moi ça me fait du bien.
Ah oui, et son 20,000$ pour retirer ma plainte, j’en veux pas! Tu mettras l’argent sur ton avocat, t’en auras besoin!
Mononcle tartempion, je ne sais pas si tu liras un jour cette lettre, mais sache que ça m’est égal. Tu n’auras pas la chance qu’elle soit traduite en anglais non plus, t’en vaut pas la peine. Je ne l’écris certainement pas pour toi, je me libère d’un poids énorme que je porte sur mes épaules depuis tant d’années. Un jour j’espère pouvoir revivre normalement à nouveau, mais la route est très longue et pénible. J’aimerais me rendre à 73 ans moi aussi, mais mes chances sont minces. Le monde comme moi, n’ont pas une grande espérance de vie.
Pour commencer j’aimerais m’excuser. Tout le monde me dit que je n’ai pas à m’excuser pour les gestes, physiques et psychologiques, que tu as commis envers moi quand j’avais juste 8-9 ans et même après. Mais mes brèves excuses vont à l’entourage et au nom des Bermingham que je suis en train de salir. Mes valeurs de justice et de vérité sont trop importantes pour moi.
Il y a exactement 6 ans, à l’été 2016, je tombais encore une fois en dépression majeure. À 37 ans, c’était mon septième arrêt de travail en plus que j’avais trois fois interrompu mes d’études. Comme tu sais, je suis maintenant enseignant et l’été je suis en congé. Donc, pendant cet été-là j’ai fait une seule chose à temps plein, te haïr! Épuisant tout ça! Fallait je règle ça avant la rentrée scolaire, donc j’ai eu l’idée de te demander des excuses via une mise en demeure. Il en suivit deux autres claques sa yeule.
Nous savons tous les deux que je ne suis pas la seule victime de tes agissements. Je le sais, parce que tu t’es excusé de ton comportement à certains d’entre eux et maintenant ils sont en paix avec ça. Sincèrement, je respecte ça. Je t’imagine faire un homme de toi et à chacun d’entre eux balancé ton barratin… mon enfance n’a pas été facile pour moi aussi, je n’ai jamais voulu faire de mal, c’est la maudite boisson, j’aime trop les enfants, j’ai été entrainé là-dedans et j’en passe.
Dans ta tournée d’excuses t’en a oublié un, MOI!
La semaine passée, pendant une session de thérapie au CETAS (Centre d’entraide et de traitement des agressions sexuelles), on a fait une session d’hypnose où je fus replongé dans l’une des nombreuses soirées dans l’une des chambres d’hôtels où tu m’agressais. J’avais la chance de changer le courant de l’histoire et devine quoi? J’ai refait la même chose. Je me suis laissé faire, en faisant semblant d’être mort, tu sais pourquoi? Parce qu’on était en voyage, loin de la maison, loin de mes parents. J’avais peur d’être abandonné. Toronto, Niagara et Lake George. Ah oui, on est allé aussi à London en Ontario, mais j’ai dormi en sécurité au sous-sol avec ma cousine.
En passant au CETAS, ce sont des sessions thérapeutiques hebdomadaires de groupe et individuelle, et j’en ai pour une année et demie. C’est une bénédiction ce centre, j’aurais tellement souhaité que t’aille chercher de l’aide comme je fais, mais comme on dit; on ne peut pas obliger un agresseur se prendre en main, sauf les juges. LOL
Ah oui, il faut que je te raconte, pis ça ne vient pas de moi. Juré. Lors de la session d’hypnose, où j’étais mentalement dans la chambre d’hôtel, la thérapeute me demande: « Shannon, est-ce que je peux parler à ton oncle? ». J’ai sursauté, des larmes se sont mises à couler de mes yeux et j’ai catégoriquement refusé d’un geste rapide de la tête. « Non! » marmonnais-je.
J’étais terrifié à l’idée de partir une chicane avec matante et qu’on me laisse là!
C’est vers la fin de la thérapie et avec beaucoup d’insistance de la part de la professionnelle que , finalement, j’acceptais qu’elle lui parle. Ouf! Elle n’a pas été tendre! Je te rapporte ce qu’elle t’a dit, mais comme j’te dit, ça ne vient pas de moi!
Elle gronda mon oncle des paroles suivantes:
« mononcle tartempion, tu es un être minable. Jamais personne ne devrait agresser une personne et encore moins des enfants, et encore moins quand t’es en position d’autorité, encore moins si c’est ta propre famille, et encore moins si ça se passe ailleurs qu’au Québec. Tu es un crotté et tant qu’à moi, tu pourrirais en dedans mon dégueulasse! »
Hey que ça fait du bien.
J’aimerais te dire deux ou trois trucs que je n’ai jamais dits. À partir de 10 ans, j’ai refusé toutes les tentatives d’agressions (pas juste de toi), parce qu’on touche pas à tchagg. De mes 10 à 17 ans je t’ai revu à plusieurs reprises, même mon père est demeuré chez toi à la maison bleue. À chaque fois que mon regard se posait sur toi, j’avais une boule en dedans. J’ai su que ça représentait du dégoût. On soupait ensemble et je fixais le pouls de ta jugulaire et je fantasmais de savoir si c’était vrai que le sang est bleu lorsqu’on coupait cette veine. Tu me regardais en riant et tu me disais que j’étais laid comme un singe, ça ne t’a pas empêché de m’agresser.
À mon adolescence je réparais de temps en temps ton ordinateur,et comme récompense, maudit malade, t’essayais de m’embrasser partout. Crime, sais-tu ce que je fais lorsque j’ai la libido dans l’tapis…. j’me touche! Bing Bang, un p’tit Kleenex, pis j’blesse personne.
Quelques savais-tu?
Je souffre d’un TSPT (trouble de stress post traumatique), d’un TPL (trouble de personnalité limite) et de dépressions sévères chroniques, garni d’un beau cocktail de pilules à vie! En rémission, et je vais beaucoup mieux depuis le CETAS!
J’ai quelques tentatives de suicides, des internements en réadaptation, des problèmes de consommation, etc.
J’ai la phobie de voyager. J’ai fait un seul voyage en 25 ans.
Bon, le prochain arrêt sera ton arrestation. Parce que même si t’as un mandat d’arrêt et que ton nom figure dans le CPIC (Canadian Police Information Centre), ça ne t’a pas empêché d’aller à Atlantic City au New Jersey il y a quelques jours. Ne t’inquiète pas, le dossier tranquillement, après avoir passé par la police de St-Jérôme, par la Sureté du Québec de Lachute, l’Ontario Provincial Police et là la Police régional de Niagara, s’en va vient pour la GRC! Mais c’est long.
Après ton arrestation, y’aura le début de l’enquête préliminaire et après ça le procès. On m’a dit que c’est difficile d’obtenir une peine de prison, car il faut prouver hors de tout doute qu’il y a eu un crime de commis. Je tente quand même ma chance.
Sais-tu pourquoi, je ne lâche pas le morceau? Il y a plus d’un an mon père m’a dit que tout ce que je faisais, mes démarches, c’était pour rien. Car mononcle tartempion allait se suicider avant, au lieu de faire face à la musique. Hey, devine quoi? Y jouit encore de la vie s’testi-là.
Bon sur ce, je vais aller rejoindre ma magnifique petite famille, que je n’agresserais pas, sous prétexte que j’ai moi aussi été agressé. Mais que je vais élever et aimer du mieux que je peux et que je vais de toute mes forces, les protéger des hommes comme toi.
Bye-là!
Ton neveu qui t’haie,
tchagg tchaggensen
7 réponses à « Lettre à mon agresseur »
Louise Paquette
Bravo a toi d avoir dénoncer un hostie de malade. Bravo a toi de vouloir t’en sortir, tu es plus fort que tu penses ,continu lâche pas ton combat tu vas y arriver. Je te souhaite le meilleur a venir, Tu as ta petite famille qui te soutien,tes pas seul. Bravo tu es une belle personne. Xx
Wow! De tout cœur avec toi dans tes démarches. Ayant vécu des choses similaires et mon 1er garçon aussi, te lire m’a beaucoup touché. Une ancienne élève en tourisme de 2018-2019
Je lai connu…. il était souvent au dépanneur de ses beaux parents en face d’où je vivais et …déjà on aimait pas être en sa présence car il avait les mains longues …. 40 ans plus tard lire ça ouff …. Bravo à toi d’avoir dénoncé 🙏 tu n’es effectivement pas seul comme victime mais c’est toujours une de trop 😔
WoW !!! T hot 🤩félicitation vraiment !!… ton histoire me touche vraiment!! Si tout le monde était capable de faire comme toi Haut et fort … Un Gros Bravo 👏 💪🤩et je te souhaite le Meilleur à venir 🤩
C’est effectivement jeudi dernier, le 26 mai 2022 au matin, qu’il m’était confirmé par la Police de Niagara Falls, qu’un mandat d’arrêt avait été émit contre mon agresseur! Finalement, après plus de 30 ans où se sont déroulés les événements, près de 6 ans à demander des excuses et à 2 ans de procédures judiciaires, voilà c’est fait! Check!
Pour l’instant, la procureure avec l’aide du détective ont pu lui imputer 6 chefs d’accusation dont celui d’agressions sexuelles. J’en parle aujourd’hui, car le fautif a été prévenu il y a exactement une semaine, et la nouvelle ne tardera pas à sortir publiquement.
Pour les mauvaises langues, sachez que je ne me réjouis pas du tout de ce qui arrive ou arrivera à mon agresseur, mais le retour du balancier et la justice pour les crimes commis semble vouloir s’imposer d’elle-même. Je serai de mauvaise foi si je disais qu’il n’y a pas un peu de fierté dans tout ça. Pas une fierté de « showoff », mais fier de ne pas avoir baissé les bras et abandonner.
J’en parle souvent, car c’est une partie importante de ma vie, mais lors de ma thérapie de groupe pour hommes agressés au CETAS, on m’a demandé comme devoir, de trouver une chanson qui représente ce que je vis ces derniers jours. Avec plaisir je me suis à scruter ma playlist sur Apple Music, et d’écouter plus profondément les paroles.
Whoa, beaucoup de trop de hiphop aux airs de marijuana. Mais voici celle que j’ai choisi ainsi que les paroles.
Bishop Briggs – White Flag
Take a hit, shoot me down, shoot me down I will never hit the ground, hit the ground Playing dead, I’ll never do Gotta keep an eye on you Patience is wearing thin, paper thin Promises broke again, what a sin But it only feeds my energy So don’t expect no sympathy
Smoke, fire, it’s all going up Don’t you know I ain’t afraid to shed a little blood Smoke, fire, flares are going up, flares are going up
Oh, won’t wave my white flag, no This time I won’t let go I’d rather die Than give up the fight, give up the fight Give up the fight, give up the fight Won’t wave my white flag, no Oh, I won’t go down slow I’d rather die Than give up the fight, give up the fight Give up the fight, give up the fight Whoa, whoa, whoa, whoa Whoa, whoa, whoa, whoa
Put an X on my chest, on my chest But I’m still standing ’cause I won’t forget The hell on earth you put me through I’ll save myself in spite of you
Smoke, fire, it’s all going up Don’t you know I ain’t afraid to shed a little blood Smoke, fire, flares are going up, flares are going up
Oh, won’t wave my white flag, no This time I won’t let go I’d rather die Than give up the fight, give up the fight Give up the fight, give up the fight Won’t wave my white flag, no Oh, I won’t go down slow I’d rather die Than give up the fight, give up the fight Give up the fight, give up the fight Whoa, whoa, whoa, whoa Whoa, whoa, whoa, whoa
White flag never going up, never going up, no, no White flag never going up, never going up, no, no White flag never going up, never going up, no, no
Oh, won’t wave my white flag, no (Wave my white flag) This time I won’t let go (Won’t let go) I’d rather die Than give up the fight, give up the fight Give up the fight, give up the fight Won’t wave my white flag, no (Wave my white flag) Oh, I won’t go down slow (Go down slow) I’d rather die Than give up the fight, give up the fight Give up the fight, give up the fight Whoa, whoa, whoa, whoa Whoa, whoa, whoa, whoa Wave my white flag Whoa, whoa, whoa, whoa Whoa, whoa, whoa, whoa Raise my white flag, no
« Il peut être difficile de trouver les bons mots pour communiquer clairement ses limites et ses besoins. La communication assertive est une façon de s’affirmer avec confiance et de façon positive, sans être trop passif ni trop agressif. Il s’agit d’une compétence interpersonnelle qui aide à entretenir des relations saines, à résoudre des conflits et à respecter ses besoins. »
L’Institut national de psychiatrie légale Philippe-Pinel est un hôpital universitaire affilié à l’Université de Montréal offrant des services surspécialisés en psychiatrie légale.
Un air interrogateur?
Vous trouverez ci-dessous, les trois affiches expliquant et vulgarisant ce qu’est la communication assertive, qui a pour finalité de mieux communiquer en simplifiant pour mieux comprendre.
Oui, mais en vrai, c’est quoi?
C’est principalement de se reconnaitre égal aux autres, de se respecter, et de s’affirmer avec bienveillance lorsqu’on communique. Vous savez, quand on met de l’eau dans son vin, ben ça goûte encore le vin! Il est plutôt néfaste de se retrouver d’un côté ou de l’autre de la balance.
Certains d’entre nous peuvent, dont je suis le malheureux champion, tendre vers des caractères plus passifs, où on lâche prise. On prend notre tête, et on la met sur une étagère, on ne fait rien et on se laisse faire. Comme un bateau à la dérive… ça nous mènera ben où ça voudra!
L’autre extrême, à droite, c’est l’agressivité! Les comportements plus intimidateurs tels que la manipulation, se moquer des autres, se penser supérieur, etc.
Après avoir pris connaissance des fiches, plus bas, je ferai le lien avec ma situation.
Dans toutes les thérapies dont j’investis beaucoup de mon temps ces temps-ci, l’importance de parler en « Je » est l’une des consignes communes à toutes. On s’occupe de ses bottines, qui disent!
Contrexemple: Tu es stupide en St-Ciboots d’avoir dit salut à ton ex au dépanneur.
se traduirait par:
Exemple: Lorsqu’on a croisé ton ex au dépanneur, lui dire salut, ça m’a blessé.
La dernière affiche est un bilan avec quelques petits trucs à intégrer dans vos communications. Ah! Si seulement on se disait, tout le monde, qu’on appliquerait universellement la communication assertive, y’aurait moins de chicane dans cabane!
Lien avec mon histoire
Pour tous vous dire, c’est une des raisons pour laquelle j’écris ce blogue, je suis plutôt passif dans la plupart de mes communications. C’est totalement inconscient de ma part, mais j’essaie, maintenant que j’ai pris conscience de ce malheureux tic, d’appliquer le plus possible ces techniques plus saines.
Demandez à mes proches… je me sacre de pas mal d’affaires! Des amis nocifs me maltraitent? Je garde mon trou, je me laisse faire et j’accepte d’être intimidé. Ils sont plus importants que moi. Même plus, je les côtoie plus souvent que mes amis sains. Jamais je ne réplique au contraire, j’encaisse. J’en parle à Émilie, et elle ne comprend pas que je m’acharne à demeurer leur ami.
J’essaie de garder la paix à tout prix, par peur qu’on ne m’aime pas ou pas peur d’être rejeté. Toutes ces actions passives font en sorte que mon estime personnelle pique vers le bas depuis tant d’années.
Aussi, ces derniers mois à essayer de me comprendre, j’ai appris l’importance de parler en « JE ». Pourquoi parler des autres, surtout en leur absence? On s’occupe de ses bottines, on en a déjà en masse à faire et à penser, sans s’occuper des autres. Attention! Il ne faut pas tomber dans l’autre extrême, l’égoïsme!
Le champion #1 de la dissociation. Lors d’une séance de thérapie de groupe, deux -logues composée de psy et de sexo, ainsi que d’autres hommes, m’ont mentionné que j’étais effectivement le King de la dissociation. Humblement, j’ai bien beau avoir été à l’université, mais je ne connaissais pas la signification de ce mot, donc je leur ai demandé, et voici leur réponse, globalement.
« Shannon, la dissociation c’est comme mettre sa tête sur une étagère, et ton corps continu de fonctionner, mais tu n’es plus associé à tes pensées ou tes sentiments. Un zombie quoi. Tu es toujours en mesure de bien parler, bien paraitre et de même de rationaliser avec les autres, mais rien n’entre dans ta tête. Tu est déconnecté. C’est dû à ton choc post-traumatique ça. J’imagine que les premières fois que tu as découvert ce mode de protection sont lors de tes agressions, de 7 à 11 ans? Pas besoin de répondre, on connait la réponse. »
HOLY SHIET! Bingo, j’viens de comprends beeeeeeeeeeeeen des affaires. C’est rendu que je fais de la dissociation même avec ceux que j’aime! Vous souvenez le film Clic avec Adam Sandler, s’tun peux ça. Sur le fast-forward en espérant me réveiller et tout sera fini! Émilie, ma conjointe, me parle d’un sujet, j’peux être empathique, la relancer avec des questions, même la conseiller sur ce qu’elle devrait faire, etc. Demandez-moi pas dans une demi-heure le sujet exact, je ne m’en souviens plus.
J’suis souvent dans ma tête, je rumine mille et un scénarios, okazoo!
La bonne nouvelle dans tout ça, c’est que j’suis conscient du problème! Il ne me reste qu’à mettre en application ces belles paroles!
tchagg avec son code de conduite
Les Quatre Accords Toltèque
Lors de mon dernier internement en centre de réadaptation, c’est l’un des merveilleux livres que j’ai eu la chance de découvrir, et que maintenant j’essaie d’appliquer dans toutes mes communications. Je vous recommande fortement la lecture de ce livre, mais je vous vends la mèche pour les accords, vous les trouverez ci-bas.. J’imagine un mon idéologie est peut-être un peu utopique, mais si tous adoptaient cette philosophie de vie, il y aurait beaucoup moins de haine et de malentendus un peu partout dans le Monde.
On a le cœur moi lourd, à chaque relecture!
PS: Je tiens sincèrement à m’excuser pour les fois où j’ai été passif, trop passif même. Je vais m’améliorer, je vous autorise aussi à me dire: « T’es certain? T’es passif là? », et en terminant, quand c’est non, c’est non!
La cloche de l’école se fit entendre dans tout le voisinage. On la reconnait avec ses airs des Carillons de Westminster version Wish, et elle signifie que la journée d’école primaire du quartier était terminée pour les jeunes apprenants. Mais cette journée était encore plus spéciale, car c’était la dernière de l’année, donc le congé estival arriva enfin pour eux, et moi et Emilie sommes allés les rejoindre là-bas. D’autres parents s’étaient donné le mot et il y avait un petit attroupement, même en cette journée orageuse. Nous les parents, de l’extérieur, on ne ressentait pas l’euphorie générale croissant exponentiellement au fur et à mesure que la journée avançait.
Cinq minutes après le son Anglais, on les voit, plus loin au travers les autres écoliers, les trois garçons placés par habitude en ordre de grandeur, dévalant le sentier de la cour d’école, venir nous rejoindre avec le sourire fendu jusqu’aux oreilles, ils transpiraient d’eau et de joie.
De retour à la maison, à peine les vacances estivales débutées de quelques minutes, nos enfants, accompagnés de quelques amis et aussi des voisins, tous sautent à l’eau l’un après l’autre dans notre magnifique et gigantesque piscine hors terre de 15 pieds. Ils sont neuf, en tout. Ah oui, je mettrai en italique tout ce qui a trait au sarcasme.
J’ai d’la place en masse dans mon Jacuzzi!
En tout cas, le déluge et l’orage passé, le temps est humide, et cette journée-là, il faisait chaud, très chaud, voir même trop chaud, un beau cocktail vitaminique que le gazon apprécie bien au début de l’été. Les fenêtres de la maison étaient toutes béantes depuis que la thermopompe a sauté, et on entendait de l’intérieur, moi et Émilie, les enfants se tirailler, en se battant et en criant comme des fous d’Bassans. Une guerre fraternelle éclate. Il n’y avait pas une heure que le congé était débuté et les voisins étaient déjà écœurés.
Pour une raison ou une autre, depuis le début du mois de juin, avec trois p’tits fafouins âgés de 4, 6 et huit ans, qui ont autant d’énergie qu’une centrale nucléaire japonaise, ça été de plus en plus difficile au niveau comportemental. Mais, hé qu’on les aime ces enfants-là, et parfois user un peu de chantage et d’imagination peuvent s’avérer la combinaison parfaite pour casser ça, dès le début! Il faut juste pas en abuser.
Tout ça pour vous dire qu’après seulement trois ou quatre heures à gérer toutes ces sessions de batailles navales des enfants et de leurs amis, à tolérer leurs cris stridents, à soigner leurs bobos, et à essayer de tenter de limiter les assauts au garde-manger. Il arrive qu’on renvoie des amis chez eux, on les séparent, on les fait rentrer. En dedans c’est pire, c’est de gérer les temps d’écran, ceux des téléphones ou celui du PlayStation. Le soir venu, je ne vous cacherai pas que nous étions moi et Émilie usés jusqu’à la corde au cou.
C’est en les bordant qu’une pensée me vint en tête.
Il y a deux choses que les trois détestent unanimement dans la vie; les camps de jour et le fromage.
À cette heure-là, pas question leur faire manger du fromage. Donc je leur dis avec un ton sévère:
« R’gardez les enfants, demain vous irez au camp de jour. On en a jasé Maman et Papa et vous ne chillerai pas à maison tout l’été, à vous tirailler dans piscine, pis à jouer à Fortnite! » Leur grondais-je aux trois.
On sait très bien en tant que parent, que de trouver comme ça un camp de jour pour les enfants, les appeler la journée même de la dernière journée de fin d’année, c’est dans nos rêves! Pis en plus ce n’était pas planifié pentoute dans le budget!? Anyway, on peut rêver en couleur, même si j’suis daltonien.
« Quel camp de jour Papa? » -Demanda Eli James de sa voix d’ange, le plus « willing » d’la gang. « Oh, heu, celui de.. du hummm! Celui du Gym-X » – répondais-je en balbutiant une réponse choisie au hasard dans ma tête! Oh! Yay! Le Gym-X! – Répondit le petit artiste.
Pour ceux et celle qui ne connaissent pas ce fameux Gym-X, c’est un gymnase de parkour avec des trampolines, des murs d’escalade, etc. Si ça vous intéresse vraiment, voici le lien de leur site Internet.
Pour tout vous dire, je n’ai pas choisi le meilleur camp de jour! Je sais très bien que les enfants détestent ce genre d’endroit, et pour eux normalement, c’est une pénitence aller dans un camp. Mais celui-ci n’a rien d’un camp jour typique, donc admettons que l’impact a été pas mal moins dur sur eux.
Seuls l’ainé et le cadet, qui visiblement angoissaient juste à l’idée de passer la journée complète loin de la maison, ont eu des tonnes de questionnements avant dodo.
« Allons-nous être tous les trois ensemble? » – demanda l’un. « Qu’allons-nous manger pour diner? » – ajouta l’autre. « Combien de temps on va-tu être là-bas? » – marmonna le p’tit dernier.
Je leur coupe le sifflet. Pas question de les laisser négocier!
« Non! Non! Non! Dans des groupes différents et vous allez faire comme tout l’monde, pis arrêter les /?%?$/$ d’jeux vidéos! Arrêtez avec vos questions, je n’y répondrai pas! Demain, et pour une partie de l’été, vous vous amuserez ailleurs, avec d’autres enfants! »
Les enfants étaient tellement anxieux qu’on dirait qu’ils voulaient être plus vieux de 12 heures! Ça paraissait!
Les Trois Mousquetaires s’endormirent en rêvant se faisant 300 scénarios différents, non sans quelques petites angoisses. Ils étaient persuadés que le lendemain, ils seraient bel et bien au camp de jour aux gymnases.
Aïe! Aïe! Aïe! Au lit conjugal cette soirée-là, fallait trouver un plan. Pis tout d’suite!
On a rien de réserver au Gym-X. On pourrait par chance en profiter pour passer du temps en famille là-bas, s’amuser, leur faire faire sortir leur trop plein d’énergie et voir s’ils aimeraient ça., finalement.
Le lendemain et l’appel mystérieux
C’est non sans énervement que la matinée se déroula pour nos cocos. Ils se sont fait à l’idée que camp de jour ce sera, et qu’ils passeraient une belle journée. Ils avaient même anticipé positivement le déroulement de la journée, les activités qui seront proposées, même l’heure de repas du diner était dans la planification.
Chips au vinaigre!! Mon plan tombe à l’eau! Je souhaitais secrètement qu’ils me supplient de ne pas y aller, et qu’ils me disent que leur comportement allait changer, qu’ils deviendraient de meilleurs enfants et tout l’tralala. A contrario, ils s’étaient même résignés à passer une belle journée!
Après le déjeuner vers les 8h, nous sommes en route ,tous les cinq, vers le camp de jour du Gym-X, qui, rappelez-vous, ils ne sont pas inscrits, mais je dois jouer le tout pour le tout. Je me rappelle qu’ils détestent les camps de jour, mais ça mon chien est mort. Que fait-on avec le cheese?
Artillerie lourde
Je reçois un appel factice de la monitrice du camp et je fais semblant de lui faire la conversation au téléphone. Toute la petite famille entend le monologue digne d’un Oscar ou au pire un Golden Globe, dans l’auto en direction vers le gym.
« Shannon bonjour? » « Euh, très bien. Merci, quel est l’honneur de votre appel? » « D’accord, je comprends. Et où se fait la sortie? » « Ah! D’accord, merci d’avoir avisé, on arrive sous peu. Au revoir! »
Étant arrêté à mi-chemin pour prendre le pseudoappel, je me retourne dans l’auto pour annoncer la mauvaise nouvelle aux trois enfants à la mine basse. Ils allaient toujours au camp de jour, mais les plans avaient changé. Il n’y avait aucune activité de planifiée au Gym-X, car, cette journée-là, ils avaient loué un autobus, et ils allaient visiter une usine à fromage!!
L’usine à fromage de rêve! Une visite, ce n’est pas assez!
L’expression sur leurs visages valait d’l’or en barre! Il n’était plus question pour eux d’y aller. Déjà ils avaient bravé l’idée d’aller au camp de jour, mais le fromage c’est une coche au-dessus, ça, jamais!
Aux prières des p’tits, toujours en route pour le gym, ils me supplient de rappeler la jeune préposée, et tenter de négocier de quoi avec elle. Vous savez, celle qui m’avait appelé tout à l’heure. Parce que, là, les enfants ne veulent plus y aller, dommage!
Dring! Dring! J’rapelle! La scène qui m’a valu le précieux trophée!
« Bonjour, c’est Shannon, on vient de se parler. » « Les enfants trippent pas trop sur le fromage, serait-ce possible qu’ils restent au gymnase? » « Oh, d’accord. Je comprends. Alors peut-on changer de dates ou se faire rembourser? « Non, plus! C’est bon, on s’en vient! »
Encore une fois de plus, les enfants n’avaient plus le choix de se résigner au destin, et d’accepter leur sort et de visiter ladite usine à fromage.
Hmmm, une usine où les employés peuvent sentir mauvais des pieds sans se faire remarquer!
J’arbore timidement un sourire à bâbord et de l’autre, de la droite, je jette un regard du coin de l’œil dans le rétroviseur, scrutant les trois Boïse assis sur la banquette arrière, qui se tenaient les mains soit en protestant catégoriquement ou en guise de prières, ou les deux.
Ils ne font qu’un bloc. Ils sont désolés, ils s’excusent pour leurs comportements, ils nous supplient pour ne pas aller au camp de jour ni à l’usine à fromage! En continuant leurs plaidoiries et leurs promesses, les trois nous promirent même de nous rembourser les frais d’annulation. Sont-ils assez cutes? Mouhahahaha (rires diaboliques).
Mon cœur cède! Assez joué la comédie! Bah une dernière fois, parce y’a fallu je fasse semblant de rappeler la préposée du Gym-X et de lui dire de ne pas nous attendre:
« Oui, bonjour. C’est Shannon. Regardez, on a pensé à ça et les garçons n’iront pas aux camps de jour finalement. D’accord. Oui. Oui. J’comprends. Parfait, vous prendrez la pénalité sur ma carte de crédit. Super. D’accord, merci! »
Sou-la-ge-ment!! Pour tout le monde! J’avais réussi avec tout ça, en utilisant leurs faiblesses, à démarrer le congé estival sur un très bon pied, qui souvenez-vous, la veille, moi et Émilie, on avait presque levé de drapeau blanc!
Cette journée-là finalement, sommes allés au Toys’R’Us toute la famille et on s’est équipé en jeux d’été pour profiter pleinement du congé et l’été s’est déroulé sans grandes anicroches ou d’épuisement pour les parents.
#bonparent #mauvaisparent
Une réponse à « Branches de Vie – L’usine à fromage »
Christian
Tout un snoro!!!! M’a faire attention a ce que tu me dis astheure!!!! Lolll
Beau récit, belle anecdote et il y a juste toi pour avoir cette étincelle de génie côtoyant la folie!!!
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