CRDL – Séjour en réadaptation et dépendance

tchagg tchaggensen vue par EF

Ayoye! À peine trois mois après mon premier séjour de 21 jours au CRDL (Centre de réadaptation et de dépendances des Laurentides) en décembre dernier, je n’ai pas réussie à stopper ma consommation de cannabis, même au contraire, ma consommation a augmenté d’environ 40%. Lors de mon entrée au centre le 1er avril 2022 mon état de consommation était d’environ 7 ou 8 grammes de marijuana par jour (+/- 23% de THC), que je consommais comme des cigarettes du levé au coucher.

Lire les articles de mon dernier séjour au CRDL – Centre de réadaptation et de dépendances des Laurentides

Portrait de consommation
Pèse su’ pause!
CRDL – Première semaine
CRDL – Deuxième semaine
CRDL – Troisième semaine

Ce qui m’a amené là-bas est assez étrange. C’était rendu que je fumais comme un défoncé, c’est-à-dire que je fumais de gros joints, jusqu’au filtre et aux deux derniers de la journée, je pleurais en les fumant. J’avais mal à la gorge, j’avais peu de moments de lucidité, plus le goût de ne rien faire mis à part de rouler, fumer, tousser, cracher et ruminer les idées noires. Belle vie! Pourtant j’ai trois beaux enfants que j’aime à la maison, et ma femme que j’aime énormément, un travail qui est aussi une passion, une belle petite maison à nous, bref j’suis tanné de le dire, mais j’ai vraiment beaucoup de belles choses à m’accrocher.

Il y a toujours des événements déclencheurs qui font en sorte que toutes ces merveilleuses choses, je ne les vois plus. Par exemple, un parent me disait, il y a à peine trois mois, en janvier dernier, quelques seulement jours après avoir complété mon séjour à l’interne, des choses atroces qui ont aidé à ma rechute si rapide. Mais qu’est-ce qu’on aurait pu me dire? Hummm, disons que premièrement ce parent m’a appelé à deux reprises, en lapsus, par le nom de mon agresseur. Cette même personne me dit également que je devais arrêter de me plaindre, car mon agresseur m’a agressé une seule fois, que si je voulais, il m’offrait 10,000$ pour retirer ma plainte au criminel, et aussi, de toute façon mes démarches n’iraient pas loin, parce que jamais je n’avais été en voyage à Niagara avec mon agresseur (où s’est déroulée une des nombreuses agressions en deux voyages distincts).

Avec tout ça, j’ai consommé cette soirée-là. J’ai fumé trois ou quatre joints pour oublier ces commentaires aussi méchants de la part de mon parent. Le lendemain matin j’ai continué ma dérape. Je voulais me faire mal, je souhaitais avoir un cancer de la gorge et me faire euthanasier, ou carrément pas me réveiller. J’tanné! Je sais que ce parent nocif, je pourrais le mettre de côté comme toute personne qui se respecte ferait. Mais moi, j’ai tendance à me torturer. Une pensée que je dois effacer de ma tête.

Donc me voici de retour au CRDL, qui au départ, j’allais pour un sevrage d’une semaine, et que finalement j’ai décidé d’y rester pour le cycle complet de 21 jours. Une décision que je ne regrette pas, ç’a vraiment fait du bien!

Disons que j’étais mal à l’aise de me retrouver encore une fois dans un centre dans l’espace de quelques semaines, toutefois la gêne et la honte se sont vite fait oubliées avec l’accueil incroyable des intervenants. De vraies perles!

Bien sûr j’étais content de revoir certains visages, même dans de telles circonstances. Quelles joies furent de retrouver Marie-L et Marie-A, mes deux perles du CRDL! Toutes les deux sont au courant de ce que j’ai vécu, et elles sont très empathiques à ma cause, ça fait du bien de se sentir moins seul avec cette lourdeur sur mes épaules.

J’avais déjà assisté il y a trois mois à la plupart des ateliers donnés par les intervenants, mais ça fait du bien de les revoir les notions et de les retravailler avec ma nouvelle réalité. J’ai décidé pour cette thérapie-ci que j’allais taire le sujet de mes agressions au reste du groupe, qui est un sujet assez lourd, et me concentrer uniquement sur ma dépendance et mon problème consommation.

Les autres usagers du groupe furent assez disparates. Lorsque je suis arrivé dans les « verts » (ateliers de réadaptation) ceux et celles qui y étaient déjà furent très trop émotifs. Je savais en me rendant à mes ateliers que j’allais entendre se plaindre les trois quarts du temps. J’ai trouvé ça lourd, car j’arrivais avec ma bonne humeur habituelle, mais celle-ci n’était pas la bienvenue. Même pendant la cérémonie de départ « type graduation » ceux qui quittaient semblaient quasiment plus fragiles qu’à leur arrivée. Une chance pour moi que des nouveaux arrivaient et l’ambiance a rapidement changé avec le départ graduel des anciens.

Bon, au niveau nourriture d’hôpital, j’ai pu mettre à jour les notes que j’avais attribuées à tous les repas d’il y a 3 mois. Le constat est que les notes en général ont légèrement augmentées! Les notes sont sur 10 selon les repas d’hôpitaux.

Les repas les mieux cotés sont:

  1. Mijoté de bœuf avec carottes et patates pilées 8/10
  2. Tetrazzini au pesto gratiné 7.5/10
  3. Crêpes sucrées avec carottes 7.5/10
  4. Saumon à l’aneth avec zucchinis et patates pilées 7/10

Dans la même veine, les repas les moins bons sont:

  1. Saucisses à déjeunes avec petits pois et patates pilées 2/10 (le seul repas que je n’ai pas terminé)
  2. Quiche au jambon avec brocolis et patates pilées 3/10
  3. Steak suisse avec chou-fleur et patates pilées 3.5/10
  4. Le Grilled cheese a été amélioré, mais demeure dans les pires lunchs 4/10

Mes ancrages

Dans les ateliers quotidiens sur la dépendance, un des sujets que j’aime bien, on parle des ancrages. Les ancrages sont des personnes, des événements ou des aspects de notre vie qui nous donne envie de ne plus consommer. On voit le positif de notre vie et on focus là-dessus (comme un bateau ancré au port de l’abstinence) pour éviter de rechuter et de s’échouer sur l’île de la rechute.

De mon côté c’est certain que ma petite famille (EF et les enfants) est mon ancrage le plus fort! J’aime ma famille, je veux être là pour eux mentalement et physiquement (mort je sers à rien) et je veux donner le bon exemple. Mes autres ancrages sont mon travail, mes études universitaires, la maison (notre petit havre de paix et d’amour), de continuer ma quête de justice avers mon agresseur, un voyage en famille, faire des activités physiques avec les garçons, ce blogue qui m’aide énormément à faire sortir le méchant, ma thérapie pour hommes agressés au CETAS, etc.

À l’envers de la médaille il y a des éléments qui me mettent à risque d’une rechute. Ce sont des éléments que je dois absolument éviter afin de retomber dans le cercle vicieux de la dépendance. Je dois éviter les excès de colère (bien la gérer), je dois éviter subir de l’injustice (surtout avec mes démarches juridiques) et la dévalorisation de ma personne (j’ai tendance à me détester, mais j’essaie bien fort de changer ma façon de penser).

Mes émotions

Comme mentionné dans une publication précédente, j’ai de la difficulté avec mes émotions, que je vis par en dedans (j’appelle ça des « immotions ») et que par la suite ça sort tout croche (crises de larmes, automutilations, etc.). Lors d’un atelier sur les sentiments et les émotions, j’ai compris que celles-ci ne doivent pas diriger mes pensées, mais doivent être le résultat des pensées. Comme l’auto ci-dessous ayant une traction avant, mes actions, mes paroles et mes pensées doivent avoir comme résultats des émotions et des manifestations physiologiques. En ayant des problèmes de dépendances, je place les émotions dans les roues avant, de sorte que mes émotions mènent mes pensées, mes actions et mes paroles.

C’est tout à fait normal et correct d’avoir des émotions et des pensées négatives, il faut savoir bien équilibrer celles-ci pour être en bonne santé émotionnelle.

Mes besoins

En consommant de la marijuana du matin jusqu’au soir, comme un défoncé accroc à n’importe qu’elle substance, je cherchais à combler un besoin. Mes besoins principaux qui étaient comblés avec la consommation sont premièrement mon besoin de plaisir (me détendre, relaxer, penser à autre chose et avoir des loisirs) et deuxièmement mon besoin de liberté (me dégager du passé, prendre des risques et la liberté d’expression).

Vu que la consommation m’a il y a des besoins qui ont été négligés tels que: mon besoin de pouvoir! Ce qui veut dire que je m’isolais beaucoup, je n’étais plus considéré comme une personne importante ou reconnue à ma juste valeur. Je n’étais plus respecté, fier, positif, sentiment d’être utile et compétent.

Équilibre des besoins

En tout cas, je peux dire que mon séjour fut mission accomplie! Dans mon bilan final, j’ai attribué la note parfaite de 10/10 pour mon séjour en général. Je n’ai pas l’intention d’y retourner, mais je sais que si jamais je rechute, le centre sera là pour m’accueillir. 🙂

Merci mille fois à la gang du CRDL, sans vous je ne sais pas où j’en serais!

Mise à jour le 29 avril 2022

4 commentaires sur “CRDL – Séjour en réadaptation et dépendance

  1. C’est un honneur de pouvoir lire tes prises de conscience, ta puissante introspection et ton cheminement si inspirant. 🙏🏼😇

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